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NMC - Page 6

  • (Review) Frédéric Armao - Uisneach or The Center of Ireland

    Armao.jpgFrédéric Armao, Uisneach or The Center of Ireland, New York and London, Routledge, 2023, 323 p.

     

    Le présent essai est consacré à l’étude de la colline d’Uisneach, le point central traditionnel de l’Irlande. Après une rapide présentation du cadre historique et géographique, ainsi que des sources historiques de son étude, l’auteur se penche tout d’abord sur la centralité d’Uisneach, telle qu’elle apparaît dans les différentes sources. Il le fait en définissant en premier lieu le concept de la division de l’Irlande, où chacune des quatre principales provinces contribue, en sa partie la plus proche du centre de l’île, à la formation d’une cinquième province, le Mide, qui contient Uisneach en son centre.

    Il poursuit par l’étude des relations entre le Mide et Uisneach, en particulier au niveau toponymique et étymologique, tout en questionnant l’idée d’une souveraineté gagnée en relation avec cette colline et l’un de ses lieux remarquables, l’Ail na Mireann, la pierre marquant symboliquement le centre de l’Irlande, laquelle étant le point de rencontre des cinq provinces dans le contexte d’une division alternative de l’île. Il en profite pour explorer le lien entre Uisneach et les concepts d’axis mundi et d’omphalos, qu’il rapproche des traditions attestant de la présence d’un arbre sacré à Uisneach, le Bile/Craeb Uisnig.

    La souveraineté associée à Uisneach et à la dynastie des Uí Néill est aussi abordée, puisque certains des membres de cette dynastie se définiront comme roi d’Uisneach. De même, le rapport entre Uisneach et la légende patricienne est étudié, ainsi que celui entre des pierres ayant prétendument existé sur cette colline et qui auraient été transportées en Grande-Bretagne, pour construire Stonehenge, selon les auteurs anglais médiévaux.

    La partie suivante concerne les occurrences d’Uisneach dans la mythologie irlandaise, en tant qu’attestations de l’importance de ce lieu aux temps préchrétiens. Ce panorama mythique lui permet d’étudier l’idée de triplicité et donc de totalité associée à la colline et à certains des dieux qui y agissent. Autre idée intéressante, qui nous semble inédite cette fois: celle du lien entre Uisneach et la légende de Deirdre et des Fils d’Uisneach. Frédéric Armao évoque le fait qu’ils pourraient être des fils de Lugh, le dieu suprême du panthéon irlandais. Il en conclut que ce lieu est marqué par la sacralité druidique, en tant que point central hors du monde où se rencontrent la dimension humaine et celle des dieux.

    Le troisième chapitre se penche sur les liens existant entre Uisneach et les assemblées anciennes. En effet, différents textes mentionnent trois voire quatre grandes réunions, chacune ayant lieu sur une colline différente liée au Mide et à l’une des autres provinces le constituant. Frédéric Armao étudie les témoignages (pseudo-)historiques et mythologiques concernant ces assemblées, en général, et celle d’Uisneach en particulier, tout en critiquant, à raison, la méthodologie de D. A. Binchy et ses conclusions. Il se propose d’en donner les contre-arguments en commençant, dans ce chapitre, par comparer l’assemblée de d’Uisneach à d’autres rassemblements connectés à des points centraux d’autres terres celtiques (Armorique, Grande-Bretagne, Gaule).

    Le chapitre suivant est une étude du festival de Beltaine, fortement associé à Uisneach dans les textes. Il montre, par comparaison avec des traditions européennes équivalentes, la spécificité de Beltaine et le lien cohérent qui peut être fait entre ce temps sacré, ses pratiques et ses croyances, en particulier celles tournant autour du feu, et Uisneach.

    L’étude des vestiges archéologiques présents sur cette colline montre une occupation funéraire, cultuelle voire royale du lieu faisant écho aux pratiques et aux traditions attestées par les sources présentées précédemment. Même si l’interprétation de ces restes est ambivalente, elle démontre une dimension sacrée du site remontant à la préhistoire et qui semble se poursuivre jusqu’en pleine époque médiévale.

    La dernière partie de cet ouvrage, intitulée «Modern and Contemporary Aspects of Uisneach» se penche sur différentes thématiques liées à cette colline pour ce qui concerne son histoire récente. Ainsi, il s’agit du rapport entre Uisneach et le Gaelic Revival, c’est-à-dire le regain d’intérêt, au tournant des XIXe-XXe siècles, pour la composante celtique de la culture irlandaise, mais aussi de l’étude des sources folkloriques modernes concernant ce site et ses monuments et leur rapport avec les traditions déjà évoquées. Enfin, la description de la réutilisation, depuis la fin du XXe siècle, de cette colline comme lieu de rassemblement populaire, à la fois profane et néo-païen, prenant place durant la temporalité de Beltaine et dont le point culminant est l’allumage d’un grand feu, clôt cet ouvrage en montrant le renouvellement de la symbolique de cette colline – conçue originellement comme un axis mundi et un omphalos selon les mots même de l’auteur – accompagnant les évolutions de la société irlandaise contemporaine.

    Il s’agit là d’une monographie fondamentale sur le site d’Uisneach et la fête de Bealtaine. C’est là un exemple à suivre pour d’autres sites irlandais ayant une histoire aussi riche. Le propos de l’auteur est accompagné d’annexes et d’une bibliographie particulièrement fournies. Le seul bémol que nous pourrions émettre serait que cet ouvrage n’utilise pas le livre de Proinsias Mac Cana, The Cult of the Sacred Center (Dublin Institute for Advanced Studies, 2011), qui partage avec lui le même thème.

     

    Guillaume Oudaer

  • Stamatis Zochios - Caïn sur la Lune

    Deuxième volume de notre collection "Bibliothèque de Nouvelle Mythologie Comparée", Caïn sur la Lune de Stamatis Zochios, est maintenant paru!

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    La mythologie grecque antique est bien connue. En revanche, les légendes grecques modernes sont singulièrement ignorées du grand public francophone. Et pourtant, depuis le XIXe siècle, de nombreuses enquêtes de terrain ont eu lieu, permettant la collecte d’une multitude de récits. Ce sont ici plus de cent cinquante légendes qui sont traduites en français et racontent la genèse des animaux, des plantes, mais aussi des montagnes, des lacs, des créatures féériques et des êtres humains.
    Docteur de l’université de Grenoble, auteur d’une thèse sur le mythe du cauchemar, Stamatis Zochios est actuellement enseignant au sein du Département de langue et littérature russe et d’études slaves de l’université d’Athènes.
     
    Le prix est de 24€.
    Pour recevoir cet ouvrage, vous pouvez nous faire un virement via Paypal, à l'adresse lviktoriya@aol.fr , ou bien nous envoyer un chèque du même montant à l'ordre de Viktoriya Lajoye (22A rue de la Gare, 14100 Lisieux).
  • Marcel Meulder – Un héritage indo-européen à Sicyone?

    Un héritage indo-européen à Sicyone ?
    (Pline, Histoire Naturelle, XXXVI, 4.9-10)

     

    Marcel Meulder

     

    Abstract : Pliny the Elder tells the first sculptors came from Creta to Sicyon at the beginning of the sixth century B.C. and had some trouble with the city. This account conceals facts from mythology, and from the Indo-European ideology (the three functions of Sicyon and its duties ; the fourth function for the sculptors). This account does not mention Cleisthenes who was tyrant at Sicyon at that time, but refers to any social evolutions at the beginning of the sixth century b. C. : this account is perhaps issued by Menaichmus of Sikyon, local historian and art historian, and taken on by Xenocrates, sculptor and art historian, contemporary of Aratos of Sicyon who was opposed to any tyranny.

    Keywords : Pliny the Elder, Indo-European ideology, Sicyon, VIth century b.C., Greek archaic sculpture, Menaichmos of Sicyon, Xenocrates.

    Résumé : Pline l’Ancien raconte la venue dans les années 580/570 av. J.-C. à Sicyone des premiers sculpteurs crétois et leurs démêlés avec cette cité. Ce récit recèle des éléments mythiques ainsi que de l’idéologie indo-européenne comme l’appartenance de la cité aux trois fonctions et les devoirs qu’elles comportent, et comme celle des artisans à la quatrième fonction. Ce récit ne mentionne pas Clisthène, le tyran de Sicyone à l’époque, mais se réfère à des réalités sociologiques du début du VIe siècle av. J.-C. ; il peut émaner de Ménaichmos de Sicyone, historien local et aussi de l’art, et repris par Xénocrate, sculpteur et historien de l’art, contemporain d’Aratos de Sicyone, lequel était hostile à toute tyrannie.

    Mots-clés : Pline l’Ancien, idéologie indo-européenne, Sicyone, VIe siècle av. J.-C., sculpture grecque archaïque, Ménaichmos de Sicyone, Xénocrate.

     

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