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NMC - Page 34

  • Nick Allen - Khannās and Kaca: threefold death and the elements

    Khannās and Kaca: threefold death and the elements

     

    Nick Allen

    Oxford 

     

    Abstract : To explain how evil came to be implanted within humanity a twelfth-century Sufi hagiographer tells a story about Adam and Eve, the ‘Satanic’ Iblīs, and the latter’s son Khannās, who undergoes three deaths and two resuscitations. As was argued in a previous paper, the story is cognate with that of Kaca in Mahābhārata Book 1: in connection with the war of the gods and demons, Kaca undergoes three deaths and three resuscitations. The present paper compares the three modes of death in the two stories, with special reference to how the well-established ‘Indo-European triple death motif’ relates to the elements. Elsewhere in the Sanskrit epic the triadic frame is transcended in that there are five deaths (or equivalent events). In one such story each of the five deaths is related to one of the five elements, which themselves can be analysed in terms of the pentadic theory of Indo-European ideology.

    Keywords : threefold death motif; Islamic Adam and Eve; Sufism; Mahābhārata; Indo-Iranian comparatism; five elements; pentadic theory.

    Résumé : Afin d’expliquer comment le mal a été implanté dans l’humanité, un hagiographe soufi du XIIe siècle a raconté une histoire au sujet d’Adam et Ève, du «satanique» Iblīs et du fils de ce dernier, Khannās, qui a subi trois morts et deux réanimations. Comme nous l’avons dit dans un article précédent, cette histoire est comparable à celle de Kaca (Mahābhārata, 1) : en lien avec la guerre entre les dieux et les démons, Kaca subit trois morts et trois réanimations. Le présent article compare les trois modes de mort dans les deux histoires, en insistant particulièrement sur la manière dont le motif indo-européen bien connu de la « triple mort » est lié aux éléments. Ailleurs dans l’épopée sanscrite, le cadre triadique est transcendé par le fait qu’il y a cinq décès (ou événements équivalents). Dans l’une de ces histoires, chacun des cinq décès est lié à l’un des cinq éléments, qui peuvent être analysés selon les termes de la théorie pentadique de l’idéologie indo-européenne.

    Mots-clés : motif de la triple mort, Adam et Ève dans l’Islam, Soufisme, Mahābhārata, comparatisme indo-iranien, cinq éléments, théorie pentadique.

     

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  • (Review) Sources sur la religion des Slaves

    Les sources concernant la religion et la mythologie des Slaves païens sont peu connues. Elles le sont d’autant moins qu’elles ont été anciennement compilées dans deux ouvrages assez peu accessibles : Fontes historiae religionis slavicae, de G. H. Meyer (Berlin, 1931), pour les sources grecques, latines, noroises et arabes, et Die Religion der Ostslaven, de V. J. Mansikka (Helsinki, 1922), pour les sources des Slaves de l’Est. Mais bien des progrès ont été accomplis depuis, non seulement dans l’étude des textes déjà connus, mais aussi par la découverte de nouvelles sources. Il était donc temps de faire le point et de produire de nouveaux corpus. Or deux importants ouvrages sont parus en 2017 sur ce sujet.

     

    Fuentes.jpgJuan Antonio Álvarez-Pedrosa Núñez (dir.), Fuentes para el estudio de la religión eslava precristiana, 2017, Saragosse, Libros Pórtico, 505 p.

    Ce premier ouvrage n’a pas pour vocation d’éditer les sources elles-mêmes. En revanche, il offre une traduction dans une langue occidentale moderne, l’espagnol, de tous les textes connus au moment de la compilation du volume, et ce quelle que soit leur langue d’origine. L’ensemble est donc classé en fonction du domaine linguistique d’origine : grec, latin, slave du Sud, slave de l’Est, slave de l’Ouest, islandais ancien, et arabe. Il s’y ajoute une dernière catégorie regroupant des textes douteux en ce sens que nous ne sommes pas sûrs qu’ils parlent bien des Slaves. Chaque traduction est donnée avec indication de l’édition première du texte (mais les autres éditions et traductions sont aussi signalées), une bibliographie de base et un commentaire sommaire. Fuentes para el estudio de la religión eslava precristiana constitue donc un excellent outil de travail, même s’il faut garder à l’esprit que dans l’idéal, il vaut mieux consulter les textes dans leur langue d’origine, car les traductions peuvent parfois contenir des approximations. Ainsi, dans la traduction d’un passage de la Passion des martyrs d’Ebstorf (p. 198-199), le théonyme Suentebueck (sans doute pour *Svantobog : « Saint Dieu ») est rendu par Sventovit. Or il n’est pas certain qu’il s’agisse du même dieu.

     

    Slovanske_Page_01.jpgJiří Dynda, Slovanské pohanství ve středověkých pramenech, 2017, Prague, Scriptorium, 365 p.

    L’objectif de l’ouvrage de Jiří Dynda est à la fois plus limité et plus ambitieux. Plus limité en ce sens qu’il ne contient que les sources latines (à l’exception de deux sources grecques et d’une source noroise), mais donc plus ambitieux car l’auteur ne s’est pas contenté de compiler des éditions déjà anciennes pour la plupart : il a vérifié les textes, parfois même sur le manuscrit. C’est le cas notamment pour les sermons de l’Homiliaire d’Opatovice (XIIe siècle), pour lesquels Jiří Dynda a relevé des gloses, inédites, qui ne sont pas sans intérêt. De même, il a ajouté au corpus divers textes polonais tardifs, mais antérieurs à Jan Długosz (1455-1480), et qui donne des renseignements parfois très proches. Or on a souvent tendance à considérer les informations sur le paganisme slave transmises par Długosz comme fantaisistes : il se trouve donc qu’elles ne sont pas isolées. Certes, ces ajouts concernent une époque très tardive, durant laquelle, pour les régions concernées, le paganisme est déjà mort. Il se peut donc qu’elles ne décrivent qu’un folklore. Mais ce folklore ne sort pas de nulle part : ses racines peuvent voir été païennes. Chaque source est présentée de manière très complète, avec une description de l’auteur, du contexte de rédaction, la mention de l’édition de base, d’éditions secondaires, et d’études. Le texte est ensuite publié dans sa langue d’origine, accompagné d’une traduction en tchèque. L’ensemble est abondamment illustré, et l’ouvrage se conclut par un très utile index.

     

    Patrice Lajoye

  • Jacques E. Merceron - Le cheval Bayart, l’enchanteur Maugis et la fée Oriande

    Le cheval Bayart, l'enchanteur Maugis et la fée Oriande 

    De la médecine par le secret à la chanson de geste
    et retour par la mythologie celto-hellénique

    Jacques E. Merceron

    Indiana University (Bloomington, IN, USA) 

     

    Abstract : Beginning with magical charms involving the fairy horse Bayart, this essay first focuses on folk traditions associated with this supernatural creature, namely his limping and the loss of one of his horseshoes. These elements are examined in the light of the medieval epic poem de Renaud de Montauban (RdM). The enquiry then shifts towards the craftman’s circles that have kept the memory of Bayart alive (blacksmiths farriers, shoemakers). Finally, the bulk of the essay turns towards a comparison between two scenes that revolve around Bayart: 1) a horse race in RdM and a scene from the Mabinogi of Math; 2) the conquest of Bayart on a Sicilian volcanic island in the epic poeme Maugis d’Aigremont and the fights of Apollo against Delphunè at Delphi, and of Perseus against Medusa, as well as Lugh’s fight in the Second Battle of Mag Tured. This examination concludes that these scenes adapt old Indo-european narrative patterns. The demonstration makes the following points:  the fairy Oriande of Mongibel (Etna) is the equivalent of Morgan le Fay; Oriande is also the female serpent who gave birth to Bayart; Maugis the magician and Bayart are “lughian” and apollinian twin figures.

    Keywords : Horse Bayart, horseshoe, limping, Maugis the magician, fairy Oriande, Morgan le Fay, Renaud de Montauban, Maugis d’Aigremont, Sicily, Lugh, Apollo, solar twins.

    Résumé : Partant de conjurations magiques impliquant le cheval Bayart, cette étude se concentre d’abord sur les traditions populaires liées à cette créature féerique, notamment le codage ferrage-déferrage et la boiterie de Bayart. Ces éléments sont mis en rapport avec la chanson de geste de Renaud de Montauban (RdM). L’enquête se déplace ensuite vers les milieux artisanaux ayant conservé vivant le souvenir de Bayart (maréchaux-ferrants, cordonniers). Enfin, la partie principale de l’étude établit une comparaison entre deux scènes épiques impliquant le cheval Bayart et des récits mythologiques celto-helléniques : 1) la course de chevaux dans RdM et une scène du Mabinogi de Math ; 2) la conquête de Bayart sur une île volcanique sicilienne dans la geste de Maugis d’Aigremont et les combats d’Apollon contre Delphunè à Delphes et de Persée contre Méduse, ainsi que la Seconde Bataille de Mag Tured. Cet examen débouche sur la démonstration que ces scènes prolongent et adaptent de vieux schémas mythologiques indo-européens. La démonstration passe par la reconnaissance que la fée Oriande de Mongibel (Etna) est l’équivalent de la fée Morgane, qu’Oriande est aussi la dragonne génitrice de Bayart, tandis que l’enchanteur Maugis et Bayart apparaissent comme des jumeaux solaires (lughiens / apolliniens).

    Mots-clés : cheval Bayart, fer à cheval, boiterie, enchanteur Maugis, fée Oriande, Morgane, Renaud de Montauban, Maugis d’Aigremont, Sicile, Lugh, Apollon, jumeaux solaires.

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