Le cheval Bayart, l'enchanteur Maugis et la fée Oriande
De la médecine par le secret à la chanson de geste
et retour par la mythologie celto-hellénique
Jacques E. Merceron
Indiana University (Bloomington, IN, USA)
Abstract : Beginning with magical charms involving the fairy horse Bayart, this essay first focuses on folk traditions associated with this supernatural creature, namely his limping and the loss of one of his horseshoes. These elements are examined in the light of the medieval epic poem de Renaud de Montauban (RdM). The enquiry then shifts towards the craftman’s circles that have kept the memory of Bayart alive (blacksmiths farriers, shoemakers). Finally, the bulk of the essay turns towards a comparison between two scenes that revolve around Bayart: 1) a horse race in RdM and a scene from the Mabinogi of Math; 2) the conquest of Bayart on a Sicilian volcanic island in the epic poeme Maugis d’Aigremont and the fights of Apollo against Delphunè at Delphi, and of Perseus against Medusa, as well as Lugh’s fight in the Second Battle of Mag Tured. This examination concludes that these scenes adapt old Indo-european narrative patterns. The demonstration makes the following points: the fairy Oriande of Mongibel (Etna) is the equivalent of Morgan le Fay; Oriande is also the female serpent who gave birth to Bayart; Maugis the magician and Bayart are “lughian” and apollinian twin figures.
Keywords : Horse Bayart, horseshoe, limping, Maugis the magician, fairy Oriande, Morgan le Fay, Renaud de Montauban, Maugis d’Aigremont, Sicily, Lugh, Apollo, solar twins.
Résumé : Partant de conjurations magiques impliquant le cheval Bayart, cette étude se concentre d’abord sur les traditions populaires liées à cette créature féerique, notamment le codage ferrage-déferrage et la boiterie de Bayart. Ces éléments sont mis en rapport avec la chanson de geste de Renaud de Montauban (RdM). L’enquête se déplace ensuite vers les milieux artisanaux ayant conservé vivant le souvenir de Bayart (maréchaux-ferrants, cordonniers). Enfin, la partie principale de l’étude établit une comparaison entre deux scènes épiques impliquant le cheval Bayart et des récits mythologiques celto-helléniques : 1) la course de chevaux dans RdM et une scène du Mabinogi de Math ; 2) la conquête de Bayart sur une île volcanique sicilienne dans la geste de Maugis d’Aigremont et les combats d’Apollon contre Delphunè à Delphes et de Persée contre Méduse, ainsi que la Seconde Bataille de Mag Tured. Cet examen débouche sur la démonstration que ces scènes prolongent et adaptent de vieux schémas mythologiques indo-européens. La démonstration passe par la reconnaissance que la fée Oriande de Mongibel (Etna) est l’équivalent de la fée Morgane, qu’Oriande est aussi la dragonne génitrice de Bayart, tandis que l’enchanteur Maugis et Bayart apparaissent comme des jumeaux solaires (lughiens / apolliniens).
Mots-clés : cheval Bayart, fer à cheval, boiterie, enchanteur Maugis, fée Oriande, Morgane, Renaud de Montauban, Maugis d’Aigremont, Sicile, Lugh, Apollon, jumeaux solaires.
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