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(Review) Ollodagos XXXV

Ollodagos.jpgOllodagos, vol. XXXV, 2019-2020, 328 p.

 

Le volume XXXV d’Ollodagos s’est longtemps fait attendre, mais cela en valait la peine. Même si son sommaire ne comprend que six études, il s’agit, comme on va le voir, de travaux d’ampleur et de qualité. Deux des études en question ne sont pas thématiques, tandis que les quatre autres sont issues du colloque «Morts héroïques dans le mythe et l’épopée», qui s’est tenu le 18 novembre 2017 à l’Institut des Hautes Études de Belgique.

Ouvrant le volume, Daniel Gricourt et Dominique Hollard, avec «La mosaïque gallo-romaine au labyrinthe de Verdes dévoilée», proposent une interprétation savante d’une mosaïque découverte dans le Loir-et-Cher au XIXe et maintenant hélas largement détruite, mais dont on possède heureusement un relevé précis. Cette mosaïque composait le sol d’une pièce d’un établissement thermal. Les deux auteurs, à la suite d’un travail de Bernard Robreau, lui donnent une interprétation calendaire, sur la base du calendrier celtique, tout à fait convaincante. On notera juste qu’il serait maintenant utile, si cela est encore possible, de réaliser un travail archéoastrométrique basé sur l’orientation de cette mosaïque: peut-être cela permettrait-il d’étayer encore plus l’hypothèse de Daniel Gricourt et de Dominique Hollard.

Jacques E. Merceron, avec «Quelques chevauchées aériennes en compagnie des druides, des corvidés et des curés tempestaires», dans un fort copieux article, met en parallèle des textes irlandais impliquant des corvidés ou des divinités associées aux corvidés (telle Bodb) et des légendes françaises concernant les tempestaires: des personnages, parfois des curés, parfois des sorciers, capables de susciter ou de guider orages et tempêtes. Cette mise en parallèle est tout à fait intéressante. Je regrette simplement l’usage, pour la partie française, de compilations parfois médiocres, telle celle d’Édouard Colin pour la Normandie. Mais cela ne change rien à la qualité du propos.

Avec «Des morts héroïques au féminin? Le cas de la tradition irlandaise médiévale», Gaël Hily s’interroge sur la possible association à des femmes d’un thème que l’on considère ordinairement comme proprement masculin, la «mort héroïque». Si l’on peut parfois discuter le caractère réellement héroïque des morts mentionnées ici, on notera que dans l’essentiel des cas, et ce n’est guère une surprise, les «héroïnes» sont en fait des déesses ou leurs hypostases.

Retard de publication oblige, «La mort du dieu Lugus: du mythe à l’épopée et au roman» de Valéry Raydon est entre-temps devenu un chapitre de son ouvrage Le Cortège du Graal, dont notre collègue Guillaume Oudaer a dit ici avec raison tout le bien qu’il pensait.

Éric Pirart, dans «L’Origine du taureau de Crète», montre des parallèles iraniens remarquables au mythe de Minos et du taureau de Crète, au point de songer à une possible origine iranienne de ce dernier. Ce texte, pourtant court, offre des perspectives de recherches futures intéressantes.

Enfin Guillaume Oudaer conclut le volume avec ce qui pourrait être l’antithèse d’un héros. Il montre en effet, dans «Lóegaire Búadach, sa mort anti-héroïque et ses perspectives», qu’un personnage de la mythologie irlandaise a pu subir l’exact contraire de ce qu’on attendrait qu’un héros souffre dans l’épopée. On pourrait parler, à l’opposé de la «mort tragique» (oidheadh, genre bien connu de la littérature irlandaise ancienne), d’une « mort stupide, ou lamentable ». Un cas assurément surprenant.

Au final, ce numéro d’Ollodagos s’avère bel et bien recommandable en tous points.

 

Patrice Lajoye

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