Le feu dans l'eau, son bestiaire et le serpent criocéphale
Claude Sterckx* et Guillaume Oudaer**
* Institut des Hautes Études de Belgique. claudesterckx@hotmail.com
** Doctorant à l’EPHE. guillaumeoudaer@aol.com
Abstract: The Indo-European mytheme of the Fire in Water has a rich symbolism that is expressed through images like those of gold, ram, fish or snake. Some of these can be combined , as ram-horned snake through the ancient Celtic representations.
Keywords: Fire in Water, Indo-European comparatism, ram-headed snake, Celtic myths, Greek myths, Indo-Iranian myths, Scandinavian myths.
Résumé:Le mythème indo-européen du Feu dans l'Eau a une riche symbolique qui s'exprime à travers des images comme celles de l'or, du bélier, du poisson ou du serpent. Certaines de celles-ci peuvent se combiner, comme à travers le serpent criocéphale des représentations celtes antiques.
Mots clés :Feu dans l'Eau, comparatisme indo-européen, serpent criocéphale, mythes celtes, mythes grecs, mythes indo-iraniens, mythes scandinaves.
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I. Le mythème indo-européen du Feu dans l'Eau.
I.1 Depuis déjà près d’un demi-siècle,Georges Dumézil, puis d’autres comparatistes à sa suite, ont bien identifié un important mythème indo-européen commun, qu’ils ont étiqueté « le Feu dans l’Eau ».
Le Ŗgveda, le plus vénérable des textes religieux indo-européens, nomme ce feu Apāṃ Napāt « l’Enfant des Eaux » et le présente comme un bel enfançon résidant au milieu des eaux, figurées comme de jeunes nymphes qui le choient. Les exégètes indiens expliquent le paradoxe par les exemples de l’éclair sortant des nuées d’orage ou de la flamme embrasant le bois que l’eau a nourri. Quant au rituel, il insiste sur le danger qu’il présente et donc sur la nécessité de se rendre propice ce Feu dans l’Eau avant de pénétrer dans une rivière ou dans la mer.
C’est très vraisemblablement lui qui gouverne l’ordalie signalée par le Grec Porphyre, selon lequel les brahmanes imposaient à ceux qui étaient soupçonnés de faux serment la traversée d’un « lac de l’épreuve » qui s’enflait pour dénoncer leur parjure mais restait stable ou laissait son niveau s’abaisser en cas de bonne foi.
Apāṃ Napāt s’avère en fait « l’Agni virtuel » : un aspect particulier, « fœtal », d’Agni, le dieu du feu ou, plus exactement, du principe igné qu’est la vie cosmique animant l’univers et chacun des éléments qui le composent. À ce titre, il est aussi identifié au dieu Soma, autrement dit le sperme cosmique contenant le feu de vie et dont le liquide sacrificiel homonyme n’est que « l’eucharistie » terrestre.
I 2 Les mythes comparables des autres cultures indo-européennes mettent en scène des dieux dont les noms sont analogues à celui de cet Apāṃ Napāt. Toutefois – et l’on n’a sans doute pas suffisamment pris en compte cette différence – ceux-là ne sont pas le Feu dans l’Eau mais les gardiens de celui-ci.
L’Iranien Apąm Napāṯ garde le Feu dans l’Eau au fond du lac primordial Vourukaša : c’est le xvarɘnah, « l’essence solaire », lui aussi identifiable au sperme cosmique qui seul permet à son détenteur de féconder le monde (éventuellement figuré par le seul microcosme iranien).
Là aussi, l’accès à ce Feu dans l’Eau n’est permis que selon les bonnes formes et à qui de droit. Lorsque Fraṅrasyan, un mage touranien – donc un étranger paradigmatiquement mauvais selon les conventions iraniennes – prétend par trois fois s’en emparer, le xvarɘnahlui échappe à chaque fois et provoque à chaque fois des débordements impétueux.
I.3 Le mythème du Feu dans l’Eau était également connue des anciens Scandinaves pour lesquels sævar niđr « le fils de la mer » constituait une métaphore traditionnelle (kenning) pour désigner le feu et tout indique qu’il se retrouve à travers la célèbre légende du lindar logi, le « feu de l’eau » plus connu sous le nom de « l’or du Rhin ».
Le héros Sigurd rencontre le nain Regin, fils de Hreiđmar, qui lui conte une mésaventure encourue par Odin, Hœnir et Loki. Ces dieux, partis pour découvrir le monde, arrivent à une cascade au bord de laquelle Loki tue une loutre qui dévore un saumon : en fait, Otr, un frère de Regin. Sans s’en douter, les dieux demandent peu après l’hospitalité à Hreiđmar mais, quand celui-ci découvre le meurtre, il appelle ses deux autres fils, Regin et Fafnir : à trois, ils maîtrisent Odin et ses compagnons et exigent une compensation. Les trois dieux jurent de la payer et Hreiđmar fait écorcher la loutre et exige que sa peau soit entièrement couverte d’or.
Pour se procurer cet or, Loki retourne à la cascade et y capture le nain Andvari qui y vit depuis très longtemps sous la forme d’un poisson. Il exige de lui comme rançon le « feu de l’eau » (lindar logi), c’est-à-dire tout l’or qu’il possède et qu’il tient originellement du dieu de la mer Ægir. Andvari accepte mais supplie que Loki lui laisse un seul petit anneau grâce auquel il pourra reconstituer son trésor. Loki refuse méchamment et emporte tout. Furieux, Andvari maudit l’anneau et l’or et annonce que personne ne pourra jamais en jouir sans le payer de la vie.
De fait, Hreiđmar est tué par Fafnir qui se change en dragon pour protéger son trésor. Fafnir est abattu par Sigurd à l’instigation de Regin ; Sigurd est assassiné par Högni qui jette l’or dans le Rhin, fait tuer son maître Gunnar et se laisse enfin lui-même exécuter plutôt que de révéler sa cachette, ceci afin de rompre la malédiction : c’est la célèbre légende des Nibelungen.
On retrouve clairement ici le « feu » dans l’eau et son gardien qui assure le châtiment de tout ceux qui essaient de se l’approprier indûment.
I.4 La forme indo-iranienne *ņapāt se reconnaît comme un dérivation normale d’un indo-européen *nepōt-désignant le descendant ou, à un stade secondaire dépendant des structures parentales indo-européennes, le neveu utérin. Le même sert de base au théonyme latin Neptunus que l’hypothèse la plus vraisemblable analyse comme un dérivé de *nept-, le thème court de *nepot- : *Neptinos « Petit-Neveu » ou *Neptio- apparenté à l’avestique naptya « descendant » – altéré en Neptunus, sans doute par attraction de Portunus, nom d’un vieux dieu romain patronnant les gués, les portes et les passages.
Un mythe remarquable est attaché à ce Neptune romain.
Au cours de la guerre entre Rome et Véies, le lac Albain – un petit lac de cratère proche d’Albe la Longue – se met à gonfler et à déborder au plus fort de la saison sèche, jusqu’à ravager les campagnes environnantes et à lancer une rivière bouillonnante jusqu’à la mer : phénomène d’autant plus merveilleux que le lac est encerclé de toutes parts de rives qui le surplombent d’au moins cent mètres. Heureusement, la consultation des oracles révèle la cause et le remède du prodige : les rites n’ont pas été respectés et les magistrats n’ont pas reçu une investiture correcte ; il faut reprendre tout le rituel, investir régulièrement les magistrats et dès lors ceux-ci pourront se rendre propice la puissance mystérieuse qui fait bouillir les flots.
Neptune n’est pas nommément mis en cause mais son patronage de toutes les eaux le désigne immanquablement et surtout la date de l’éruption du lac correspond à sa fête annuelle, les Neptunalia du 23 juillet. S’y ajoute que Tite-Live, dans son récit du prodige, utilise l’étonnante expression aquam extinguere « éteindre l’eau », comme si ses sources avaient gardé l’écho du caractère igné de la puissance cachée dans les eaux du lac.
I.5 En Sicile, le père des dieux, Jupiter, viole la Nymphe Thalie et celle-ci
enceinte des œuvres du dieu et redoutant la colère de Junon, forma le souhait de voir la terre s’ouvrir sous elle. Elle fut exaucée mais, lorsque vint le temps d’enfanter, ceux qu’elle avait portés dans son ventre, la terre se rouvrit et les deux enfants sortis du ventre de Thalie parurent au jour. On les appela les Paliques parce que c’était la seconde fois (apò toũ pálin hikésthai) qu’ils venaient sur la terre où ils avaient d’abord été plongés et d’où ils avaient fini par sortir.
Ces jumeaux jaillissent en fait en même temps que deux bouillons à l’odeur de feu soufré qui auront dès lors le pouvoir ordalique de punir de cécité et de mort ceux qui sont souillés sexuellement et les parjures qui oseront s’en approcher indûment :
Près de là sont deux petits lacs dont on n’a jamais touché le fond, où l’eau sourd constamment en bouillonnant. Les riverains les appellent ces cratères en leur donnant le nom de Delloi et les regardent comme les frères des Paliques. Ils sont l’objet d’une grande vénération.
Leur puissance divine se révèle dans toute sa force surtout lorsque l’on prête serment devant eux. En effet, dans une enquête sur un vol commis ou tel autre délit analogue, si l’accusé niait et qu’on exigeât de lui le serment, accusé et accusateur venaient vers les cratères après s’être purifiés de toute souillure. Le demandeur recevait d’abord du défenseur une caution pour le paiement de ce qui était réclamé si l’événement justifiait la réclamation. Le défendeur, invoquant la divinité du lieu, la prenait à témoin de son serment. S’il avait dit la vérité, il se retirait sans dommage. Si au contraire sa mauvaise conscience lui avait dicté un faux serment, sans retard le parjure perdait la vie dans le lac...
Pour sa part, Polémon, dans son ouvrage sur les fleuves merveilleux de la Sicile s’exprime en ces termes : « Les dieux appelés Paliques par les habitants du pays sont regardés comme des dieux autochtones. Ces dieux ont pour frères deux cratères à ras du sol. Il faut, pour s’en approcher, s’être abstenu de toute souillure charnelle et alimentaire. De ces cratères s’exhale une forte odeur de soufre qui donne à ceux qui se tiennent à proximité une terrible lourdeur de tête. L’eau en est bourbeuse et tout à fait semblable par la couleur à une boue blanchâtre. Elle se soulève de temps en temps en bulles arrondies et bouillonnantes comme les mouvements d’une eau qui bout. On dit ces cratères si profonds que des bœufs, y étant tombés, ont disparu comme un attelage qui s’y est renversé ou encore des cavales emballées. Le serment le plus solennel des Siciliens consiste à les invoquer pour se justifier. Ceux qui font prêter le serment lisent à ceux qui doivent le prêter la formule écrite sur une tablette qu’ils ont en mains. Le jureur secoue un rameau ; il a une couronne, est sans ceinture ; il lit le serment en entier. S’il a agi conformément à la lettre de son serment, il rentre chez lui sans dommage. S’il est parjure, il meurt devant les dieux » .
Une telle majesté divine s’attache à ce domaine sacré que les plus grands serments sont scellés ici et que le châtiment divin tombe immédiatement sur les parjures : certains hommes en effet quittent ce domaine sacré privés de la vue.
I.6 Certains auteurs ont voulu retrouver des traits comparables en Grèce dans le nom et dans certains détails du culte de Poséidon : un de leurs arguments est le lien de ce dieu avec les chevaux, attesté par exemple par sa célébration comme Poséidon Hippios « Equin » à Mantinée, qu’ils comparent avec celle de l’Apāṃ Napāt indo-iranien dit aśvehman « cocher rapide » dans le Ŗgveda et aurvataspa « aux chevaux rapides » dans l’Avesta.
Une source sacrée d’Éphèse proposait de fait la même ordalie que le « lac de l’épreuve » indien, avec cette particularité qu’elle se spécialisait dans les questions de fidélité féminine, ce qui se retrouvera spécifiquement plus loin dans un parallèle irlandais :
Chaque fois qu’une femme est accusée d’une « affaire d’amour », elle doit se plonger dans la source. Celle-ci n’a que peu de profondeur et monte jusqu’à mi-jambes. Voici quelle est l’épreuve décisive : la femme écrit la formule du serment sur une tablette qu’elle suspend à son cou par un lien. Si le serment ne contient aucun mensonge, la source demeure telle qu’elle est. S’il y a parjure, l’eau se met à bouillonner, monte jusqu’au cou et recouvre la tablette.
Remarquablement, Poséidon Hippios possède aussi à Mantinée un sanctuaire centré sur un puits sacré dont l’eau s’enfle, aveugle et tue un roi qui s’en approche indûment :
On sait qu’Epytos, fils d’Hippothoüs, pénétra dans le sanctuaire mais sans passer par dessus ni par dessous le fil [qui en fermait l’entrée] mais en le sectionnant. Pour cette impiété, il perdit la vue car une vague s’abattit sur ses yeux et il fut pris par la mort inéluctable : selon une antique légende, un flot d’eau envahit le sanctuaire.
En tant que dieu de toutes les eaux, tant douces que marines, c’est vraisemblablement Poséidon qui gouverne la punition bien méritée qui frappe remarquablement certains bouviers incivils. Ce sont Ovide et Antoninus Libéralis qui rapportent cette anecdote dont l’importance et l’antiquité sont garanties par l’existence d’un Létoon du cinquième siècle avant notre ère à Xanthos, sur les lieux même de l’aventure.
Celle-ci raconte que Léto, après avoir accouché douloureusement d’Apollon et d’Artémis à Délos, arrive en Lycie où, assoiffée, elle veut puiser de l’eau à la fontaine Mélité. Elle en demande la permission aux bouviers qui s’y trouvent, les suppliant : « Vous m’accorderiez ainsi la vie qui réside dans cette eau » (uitam dederitis in aquam) mais ceux-là la repoussent méchamment. Des loups surviennent alors qui se montrent plus secourables : ils escortent Léto jusqu’au fleuve Xanthe, de sorte qu’elle peut s’y désaltérer, y baigner ses nouveaux-nés et consacrer ainsi le fleuve à son fils Apollon. Après quoi, elle retourne à la source, maintenant souillée de boue par les vaches ou par les bouviers incivils et elle punit ces derniers en les métamorphosant en grenouilles.
On trouve là :
* la source contenant « le (feu de la) vie dans l’eau ;
* la destruction de ceux (les bouviers) qui osent s’approcher de la source de manière incorrecte ;
* une dimension bovine (les vaches) de cette approche incorrecte
* rendant la source sinon bouillante, du moins boueuse ;
* la maîtresse (Léto) du dieu jupitérien (Zeus)
* venant juste d’accoucher de leur fils illégitime (Apollon),
* tentant d’approcher la source de vie
* et rejoignant ensuite un fleuve sacré.
Or ce sont là exactement les détails d’un mythe irlandais attaché à Eithne Bóinn, l’épouse adultère du gardien du Feu dans l’Eau.
Une autre coïncidence est aussi celle qui ressort de l’étymologie la plus vraisemblable du nom de Poséidon : il serait « l’Époux de l’Eau Vive »...
I.7 ... et c’est là très exactement la situation matrimoniale du gardien du Feu dans l’Eau irlandais : il est l’époux d’Eithne Bóinn, déesse éponyme de la Boyne qui est le fleuve cosmique de la mythologie irlandaise et duquel dérivent toutes les eaux vives du monde, et, mieux encore, ce dieu s’appelle Neachtan et son nom s’avère exactement parallèle à ceux d’Apāṃ Napāt et de Neptune.
Il y eut un roi fameux qui régna sur les Tuatha Dé Danann [= les dieux] du nom d’Eochaidh Ollathair [« Père Universel »]. Ils l’appelaient aussi le Daghdha [« le Bon Dieu »] car c’était lui qui accomplissait les miracles pour eux et qui réglait pour eux [la succession] des saisons et des récoltes.
[Neachtan] Ealcmhar du Brugh na Bóinne avait une épouse du nom d’Eithne. On l’appelait aussi Bóinn [« Vache Blanche »]. Le Daghdha fut épris de désir pour elle. Il envoya alors [Neachtan] Ealcmhar faire un long voyage chez Eochaidh Breas mac nEaladhan à Magh Inis. Quand [Neachtan] Ealcmhar se mit en route, le Daghdha plaça sur lui de puissants charmes pour qu’il ne puisse rentrer à temps : il recula la tombée de la nuit et empêcha [Neachtan] Ealcmhar de ressentir la faim ni la soif. Il le fit longtemps errer ainsi : neuf mois qui lui parurent ne durer qu’un seul jour car [Neachtan] Ealcmhar avait annoncé qu’il rentrerait avant le crépuscule.
Pendant ce temps, le Daghdha copula avec l’épouse de [Neachtan] Ealcmhar et elle lui donna un fils du nom d’Aonghus. Quand [Neachtan] Ealcmhar rentra, son épouse était remise de ses couches et il ne se rendit pas compte qu’elle avait fauté en copulant azvec le Daghdha.
Cependant, le Daghdha emmena son fils pour qu’il fût élevé dans la maison de [son autre fils] Midhir à Bri Léith de Teathbha. Aonghus y fut éduqué pendant neuf ans... Il avait aussi pour nom le MacÓg [= « le Fils Jeune »] parce que sa mère avait dit : « Jeune est le fils qui a été conçu au matin et qui est né avant le soir »...
Mais Eithne Bóinn veut totalement effacer sa faute. Son époux Neachtan Ealcmhar possède dans son domaine une source merveilleuse, la Seaghais, et plusieurs textes racontent la suite de l’histoire :
Neachtan mac Labhraidh Lorc avait, je l’affirme, Bóinn pour épouse. Il possédait dans son domaine une source secrète d’où émanaient toutes sortes de maux mystérieux. Nul ne pouvait en regarder le fond sans que ses yeux n’en éclatassent : qu’on la contournât par la gauche ou par le droite, on ne pouvait échapper à cette mutilation. Nul n’osait s’en approcher sauf Neachtan et ses trois échansons... C’est là que vint un jour Bóinn, exaltée par son noble orgueil : à la source intarissable pour en éprouver la vertu...
Bóinn partit de chez elle pour tenter d’accéder à la source. Elle était sûre que sa faute serait cachée si elle réussissait à s’y baigner.
Là jaillit la source de la Seaghais... Quiconque y vient avec un mensonge n’en revient pas sans dommage... « J’irai à la belle source de la Seaghais pour que ma chasteté ne puisse être mise en doute. Je ferai trois fois le tour de la source de vie véridique, dans le sens contraire au Soleil ».
Inconsidérément, elle fit ainsi trois fois le tour de la source : trois vagues en jaillirent et causèrent sa mort.
Trois vagues se brisèrent sur elle et lui prirent une cuisse, une main et un œil. Fuyant sa honte, elle se tourna vers la mer et l’eau la poursuivit jusqu’à [ce qui est depuis] l’embouchure de la Boyne.
Se retrouvent les éléments mêmes de la mésaventure de Léto à Xanthos :
* la source donneuse ici de santé sous forme de restauration d’une virginité perdue ;
* la destruction de celle qui s’en est approchée indûment ;
* la dimension bovine (l’épiclèse de la déesse) de cette approche ;
* la maîtresse du dieu jupitérien (Eochaidh Ollathair)
* venant juste d’accoucher de leur fils illégitime (Aonghus)
* tentant d’approcher la source réparatrice
* rejointe ensuite par un fleuve sacré.
Pour en revenir à la merveilleuse Seaghais, celle-ci est explicitement la source cosmique d’où émanent et où refluent toutes les eaux vives du monde :
Quinze noms sont donnés à de fleuve qui sourd du síodh de Neachtan et atteint le Paradis d’Adam... : Seaghais est son nom dans le síodh de Neachtan..., Severn en bonne terre saxonne, Tibre dans l’empire romain, Jourdain au loin en Orient et le large Euphrate... ; il est le Tigre au Paradis... et du Paradis il revient ici au séjour de Neachtan.
Neuf coudriers l’ombragent. Ils laissent choir dans son eau leurs noisettes, pareilles à des têtes de bélier et qui contiennent toute la science du monde de sorte que le saumon primordial qui nage là se nourrit d’elles et s’en imprègne :
C’est une source autour de laquelle se dressent les neuf coudriers de l’inspiration poétique... Leurs fruits, leurs fleurs et leurs feuilles tombent en même temps dans la source et la colorent royalement de pourpre. Alors le saumon mâche les noisettes et leurs jus donne sa pourpre à son ventre. Et sept fleuves de sciences en émanent et y refluent.
C’est le bonheur de la science poétique totale qu’accordent les neuf coudriers de la Seaghais au síodh des dieux : leurs noisettes tombent, grosses comme des têtes de bélier, et elles sont emportées par la Boyne...
II. Les autres attestations celtes du Feu dans l'Eau.
II.1 Au Pays de Galles, la source cosmique est clairement identifiée à la Severn, remarquablement citée par les Irlandais comme l’une des émanations de leur Seaghais : elle prend sa source au mont Plynlimon, l’axe cosmique de la tradition galloise, le saumon primordial est réputé hanter son eau, jusque dans un légendaire encore vivant il y a un siècle, et une très vieille tradition, inspirée par le spectaculaire mascaret de son embouchure, prétend que si l’on s’approche de manière indue, son eau s’enfle, agresse les mal venus en gerbes furieuses et menace même de les engloutir :
Si l’armée du pays y était et prétendait se tenir de face devant son eau, la vague l’entraînerait de force en la trempant complètement, et elle entraînerait même ses chevaux, mais si l’armée se présente à elle le dos tourné, la vague ne lui causerait aucun dommage.
Mieux encore, la Severn aurait reçu son nom à la suite de la noyade dans ses eaux d’une princesse ayant commis un adultère avec le roi, exactement comme Eithne Bóinn noyée par la Boyne issue de la Seaghais et à laquelle elle a laissé son nom :
Humber, roi des Huns, débarqua en Albanie... [Le roi de Logres] Locrinus, informé des événements..., rassembla les jeunes gens de son pays... et contraignit Humber à la fuite... Vainqueur, Locrinus distribua largement à ses compagnons les dépouilles des ennemis, ne conservant rien pour lui excepté l’or et l’argent qu’il avait trouvé dans [leurs] navires.
Il garda aussi pour lui trois jeunes filles d’une beauté remarquable. La première d’entre elles était la fille du roi de Germanie : Humber l’avait enlevée avec les deux autres lors d’une invasion dans leur pays. Son nom était Estrildis et sa beauté était telle qu’on trouvait difficilement une jeune fille capable de soutenir la comparaison. La beauté de son teint ne le cédait en éclat ni à la neige fraîchement tombée ni à aucun lys. Brûlant d’amour pour elle, Locrinus voulut partager sa couche et s’unir à elle par le mariage.
Lorsque [le duc de Cornouailles] Corinée découvrit ce projet, il fut rempli d’une violente indignation car Locrinus s’était engagé à épouser sa fille... Les amis des deux hommes s’interposèrent et ils forcèrent Locrinus à tenir sa promesse. Ce dernier, finalement, épousa la fille de Corinée, Gwendoléna, mais il n’oublia pas son amour pour Estrildis. Il enferma celle-ci dans un souterrain qu’il avait fait construire à Trinovantum... Il souhaitait l’aimer au moins en secret...
Il la cacha donc et pendant sept ans il lui rendit visite régulièrement... Entre temps, Estrildis fut enceinte. Elle mit au monde une petite fille d’une beauté remarquable qu’elle appela Habren...
Quelque temps après, la mort ayant frappé Corinée, Locrinus répudia Gwendoléna et éleva Estrildis à la dignité de reine. Violemment indignée, Gwendoléna se rendit alors en Cornouailles, rassembla les jeunes gens de toute la région et se mit à harceler Locrinus. Des deux côtés, on leva une armée et le combat fut engagé près de la Stour. C’est là que Locrinus, frappé d’une flèche, perdit la vie.
Débarrassée de lui, Gwendoléna s’empara du gouvernement du royaume... et ordonna qu’Estrildis et sa fille Habren fussent précipitées dans le fleuve aujourd’hui appelé Severn. Elle publia dans toute la Grande-Bretagne un édit pour que ce fleuve reçût le nom de la jeune fille car elle souhaitait perpétuer le nom de celle que son époux avait engendrée. C’est ainsi que, jusqu’à ce jour, le fleuve s’appelle Habren en langue galloise et, par une altération du sens, Severn [en anglais].
Cette remarquable coïncidence peut avoir des racines très anciennes. Depuis le milieu du quatrième siècle, l’embouchure de la Severn était dominée par le grand complexe cultuel de Lydney (Gloucestershire) : un sanctuaire celto-romain centré autour d’une source curative et oraculaire et dont le dieu principal était un Nodont directement comparable au Neachtan Ealcmhar irlandais. Et il n’est sans doute pas anodin qu’on ait retrouvé dans les fouilles de son temple le relief en bronze d’un pêcheur harponnant un saumon...
II.2 En Armorique, la source primordiale a été identifiée jusqu’au siècle dernier à la source du Blavet ou plutôt avec une source située, comme l’est régulièrement l’Autre Monde des Celtes, sous l’océan ou en dessous de la Terre même : l’Œil de la Mer, dont le Blavet n’aurait été qu’un écoulement.
Le thème de la source dont le feu brûle qui s’en approche indûment apparaît aussi en deux passages de la légende hagiographique attachée à saint Maudez : celle-ci brûle d’abord les mains d’un écuyer des barons révoltés jusqu’à ce qu’il rapporte l’eau qu’il a puisée, puis, quand des pillards envoient un autre écuyer puiser de l’eau, du feu jaillit de la fontaine et consume celui-ci avec son cheval.
Sans doute aussi est-ce le souvenir d’une source merveilleuse, hantée par un poisson primordial, susceptible de s’enfler catastrophiquement au pied d’un arbre dont les fruits tombent que l’on retrouve dans la légende de Saint-Potan (Côtes-d’Armor) : là la source coule au pied d’un chêne, sert de demeure à une anguille-fée et elle déborderait catastrophiquement si l’on se malavisait de déraciner le chêne.
II.3 Dans le domaine francophone de la vieille Gaule ayant perdu sa langue celtique de nombreuses sources aux propriétés analogues ont été signalées . Certaines légendes se signalent même par le double pouvoir, bénéfique pour qui s’approche dignement, dommageable quand on s’en approche indignement : l’un des plus beaux exemples en est celui de la fameuse Fontaine Ardente du Dauphiné.
Par ailleurs, diverses superstitions rejoignent encore à leur façon le souci d’Eithne Bóinn d’avoir accès à la source merveilleuse pour retrouver sa virginité perdue : entre cent exemples, à Saint-Sauvier (Allier) la source de saint Pardoux était réputée pour rendre aux femmes, sinon explicitement leur virginité, du moins leur prime jeunesse...
Les meilleurs exemples s’en sont sans doute préservés à travers le corpus des légendes sur les Nûtons et les Lûtons, dont les formes les plus remarquables se reconnaissent au sein d’une série de lais médiévaux : Huon de Bordeaux, Clarios et Laris, Cristal et Clarie surtout, et le lai de Noton, malheureusement perdu, en offrait sans doute une version détaillée. Remarquablement, certains sont identifiés aux feux follets qui dansent sur certaines pièces d’eau, tel Zéphir dans le lai de Perceforest et tous sont des êtres dangereux qui résident dans des eaux qu’ils peuvent rendre bouillantes et qui attaquent et détruisent ceux qui s’en approchent.
Ainsi dans Cristal et Clarie, un démon à deux têtes réside dans un arbre près d’une source bouillonnante dans laquelle se trouve un Luiton qui saisit et noie tous ceux qui prétendent y boire. Seul le héros Cristal réussit à trancher la main du Luiton qui en hurle si fort de douleur que son cri résonne jusqu’à sept lieues de là. Le démon se montre alors et demande à Cristal :
Pourquoi as-tu coupé la main de mon compagnon le Luiton ? Je l’avais mis dans l’eau bouillonnante et j’avais placé ma source sous sa garde afin que nul autre que moi ne bût de son eau.
Huon de Bordeaux, avec l’aide de Malabron, un Luiton qui nage plus vite qu’un saumon, atteint une source dont l’eau provient du fleuve cosmique Eden et dont l’eau a la propriété d’une part que toute femme qui en boit, si usée par le plaisir soit-elle, redevient vierge comme au jour de sa naissance, d’autre part que tout méchant ou parjure qui y trempe ne serait-ce qu’un doigt le paie aussitôt de la vie.
Claris et Laris affrontent un Noiton et lui tranchent le poing au cours d’un combat.
Or le dieu celte au poing coupé est bien connu. Il s’appelle Nodont à Lydney, Nuz en Armorique, Lludd Llawarian « Main d’Argent » en Galles, Nuadha en Irlande avec la même épiclèse Airgeadlám « Main d’Argent » ou aussi Neacht, variante évidente de Neachtan. Plusieurs textes définissent d’ailleurs le flot de la Seaghais qui détruit Eithne Bóinn en lui arrachant un bras, une jambe et un œil comme « le bras et la jambe de l’épouse de Nuadha ».
Une autre légende est attachée à Lancelot du Lac, le célèbre chevalier associé à Arthur, lorsque, au hasard de ses errances, il retrouve par hasard le cadavre de son grand-père Lancelot l’Aîné. S’y retrouvent clairement un grand nombre d’éléments récurrents de la tradition celte du Feu dans l’Eau : à l’issue d’un adultère royal, la manifestation du pouvoir merveilleux d’une source sous les arbres ; ce pouvoir, issu d’une tête coupée dont l’ablation criminelle a eu pour effet de s’attaquer à la vue des coupables (en plongeant leur château dans l’obscurité), restaure la vitalité de ceux qui y ont recours sans avoir commis de faute sexuelle mais par contre ébouillante et brûle les mains des indignes qui s’y frottent.
II.4 En Irlande, le fils d’Eithne Bóinn et d’Eochaidh Ollathair est Aonghus, régulièrement surnommé an Mac Óg « le Fils Jeune » or ce surnom correspond étroitement au théonyme gaulois Maponos « Le Fils Divin » et à la survivance de ce dernier dans la mythologie galloise sous la forme Mabon.
Ce Mabon, dont toute l’histoire correspond bien à celle d’Aonghus, est donné pour le fils de Modron et de Mellt or Modron est l’évolution d’un gaulois Matrona « la Mère Divine » attesté à la fois comme théonyme et comme hydronyme désignant divers cours d’eau, telle la Marne - exactement comme Eithne Bóinn est à la fois déesse-mère d’Aonghus et le fleuve Boyne - et Mellt est « l’Eclair » de sorte que Mabon ab Mellt « le Fils Divin fils de l’Eclair » se trouve doté d’une filiation « jupitérienne » très nette : tout comme Aonghus est le fils d’Eochaidh Ollathair, le dieu jupitérien irlandais, et tout comme on peut supposer l’Apollon gaulois fils d’un Jupiter gaulois.
On n’est donc pas étonné que Maponos soit une épiclèse bien attestée de l’Apollon gaulois. Quatre dédicaces l’invoquent explicitement comme tel, dont une à Ribchester (Lancashire)
Au saint dieu Apollon Maponos pour le salut de l’empereur et du détachement de cavalerie sarmate Brémétennaque Gordien, Ælius Antoninus, centurion de la VIe légion Victrix, chef du détachement et de la région
et trois autres à Corbridge (Northumberland) :
À Apollon Maponos, Quintus Térentius Sæna, fils de Quintus, de la tribu Oufentina, préfet des camps de la VIe légion Victrix Pia Fidélis, a donné et dédié (ceci) ;
Au dieu Apollon Maponos, Publius Ac..., centurion de la VIe légion Victrix, s’est acquitté de son vœu de bon cœur et à bon droit ;
À Apollon Maponos, Calpurnius..., tribun a dédié (ceci) .
D’autres documents confirment encore son importance en le célébrant sans mentionner son assimilation à Apollon : un graffite et deux dédicaces en Grande-Bretagne, divers toponymes, un anthroponyme théophore et surtout la célèbre défixion gauloise de Chamalières (Puy-de-Dôme).
Remarquablement, Apollon Maponos apparaît au moins une fois associé à une source remarquable : le cartulaire de l’abbaye de Savigny (Rhône) en garde le souvenir à travers l’expression de Mabono fonte.
Une autre épiclèse de l’Apollon gaulois est plus fréquente : il apparaît attesté par plus de vingt inscriptions aux quatre coins du monde celto-romain et le désignant sous des orthographes diverses mais qui se reconnaissent pour des variantes locales ou dialectales largement synonymes : Borbanos, Bormanicos, Bormanos, Bormon, Borvon. Toutes semblent comporter une finale nasalisée, sans doute en rapport avec l’obscur suffixe théonymique –on(n)os et cela conduit à croire que certains toponymes attestés à haute époque se réfèrent bien au dieu ou à sa forme féminine parèdre : les Aquae Bormonis « Eaux de Bormon » de la Table de Peutinger qui désignaient sans doute l’actuel Bourbon-Lancy (Saône-et-Loire) ; le lucus Bormani « Sanctuaire de Bormanos » de l’Itinéraire d’Antonin, qui se trouvait quelque part en Ligurie, peut-être en rapport avec la Bormida, sous-affluent du Pô par l’intermédiaire du Tanaro ; sans doute aussi, par l’intermédiaire d’un anthroponyme théophore *Boruonius, Boruoniacum, l’actuel Bürvenich (Rhénanie-Westphalie) et son quasi homonyme Bormenacum/Boruenacum qui est aujourd’hui Wormerich (Rhénanie-Palatinat) ; sans doute encore le Bormanon de Dacie cité par Ptolémée et qui est aujourd’hui Borszod en Hongrie. Au féminin, Bormona, qui est l’ancien nom de Bourbonne-les Bains (Haute-Marne) est attesté sur des monnaies mérovingiennes.
Sans attestations d’aussi haute époque, les actuels Barbonechat (Creuse), Bormén (Galice), Boulbon (Bouches-du-Rhône), Bourban (Ain), Bourbon-l’Archambault (Allier), Bourbonne (Aube), Bourbonne (Saône-et-Loire), etc. renvoient sans doute également au dieu gaulois et à sa parèdre.
L’étymologie des théonymes qu’ils attestent reste difficile et a fait couler beaucoup d’encre. Deux racines ont été invoquées : la première s’appuie sur les parallèles du grec thermós, du latin formus, de l’allemand warm, etc. « chaud » et du gallois gori « couver » pour postuler un sens « chaud » ; la seconde s’appuie sur les parallèles du latin feruere « bouillir, bouillonner », fermentum ‘ferment, fermentation », de l’irlandais bearbhaim, du gallois berwi, du breton birviñ « bouillir » pour postuler un sens « bouillir, bouillonner ». Plusieurs difficultés n’en subsistent pas moins, parmi lesquelles l’absence jusqu’à présent de toute forme gauloise en ber- et le fait que les survivances romanes ne connotent que la boue, la « bourbe » ou d’autres matières aussi troubles : purin (alpestre bourme) ou pus (lyonnais borme)... au point que certains ont voulu traduire le nom de Borvon et ses analogues par « le dieu de la boue salutaire » ! L’hypothèse la plus vraisemblable est en fait que les noms Borvon uel sim. connotent le double sens de « bouillant » et de « bouillonnant ».
Les verbes celtiques bearbhaim, berwi, birviñ... portent la même ambiguïté que le français « bouillir », l’anglais to boil, etc. : ils peuvent désigner l’action du bouilleur ou le résultat de son action, c’est-à-dire l’ébullition. Ce sens résultatif se retrouve utilisé, par exemple, pour désigner une cataracte ou une rivières bouillonnantes : Berw Taf, Berw Rhondda... en Galles, la Bearbha ou Barrow en Irlande. C’est ce même sens résultatif qui explique l’usage de la même racine pour désigner la boue et autres liquides troubles : la turbidité de ces « bouillasses » est manifestement tenue pour le résultat d’un bouillon ou d’un bouillonnement dont l’énergie a remué les fonds.
Dans son sanctuaire d'Entrains (Nièvre), Borvo est associé à Candidus, le « Blanc », et à Aignay-le-Duc, le nom de Borvo est remplacé par Albius, le « Blanc », là aussi, mais en gaulois. Ces deux noms semblent être des surnoms d'un autre Apollon gaulois, Vindonnus, le « Divin Blanc », attesté au sanctuaire des eaux d'Essarois (Côte-d'Or). Cette association avec la blancheur est sans doute en lien avec le caractère aveuglant du Feu dans l'Eau gaulois.
Un autre nom de la parèdre de Borvo est Damona, la « Divine Vache », ce qui en fait, du fait de son association au « bouillant » Borvo, une équivalente gauloise d’Eithne Bóinn.
L’Apollon gaulois maître des sources de santé est célébré sous de nombreuses épiclèses différentes dans le monde celto-romain. L’une des plus importantes est celle de Grannos « le Solaire », attesté par un nombre important de dédicaces à travers tout le monde celte et même au delà. Parmi les sanctuaires à sa dévotion que celle-ci attestent, celui d’Aix-la-Chapelle (Rhénanie-Westphalie) lui était même nommément dédié puisque son nom antique était Aquae Granni « les Eaux de Grannos » et que son souvenir s’y est peut-être longtemps conservé dans le nom de Grannusturm de l’une des tours de son ancienne enceinte.
L’un de ses sanctuaires surtout, celui de Grand (Vosges), a joui d’une renommée presque universelle et a gardé jusqu’à aujourd’hui le nom du dieu : alors pourtant qu’il s’appelait sans doute Andésina dans l’Antiquité, le toponyme est attesté dès le haut Moyen Âge par des légendes monétaires.
En 213, l’empereur Caracalla essaya – en vain – d’obtenir la guérison de son corps et de son âme en allant personnellement prier trois dieux qu’il tenait pour les plus puissamment aptes à la lui procurer : Asclépios à Pergame, Sérapis à Alexandrie et Apollon Grannos à Grand. Certes on a longtemps douté que le temple de Grannos qu’il a visité se trouvât à Grand mais la découverte d’une dédicace faite par cet empereur lui-même sur le site a levé tous les doutes. Il apparaît même que Caracalla effectua à Grand un séjour notable puisque la ville d’Éphèse lui envoya là expressément une ambassade.
En 309 c’est le futur empereur Constantin Ier qui s’y rendit en personne, sans doute afin de s’y soumettre à une incubation. Le dieu ne le déçut pas, au contraire de Caracalla : Apollon Grannos lui apparut en songe, accompagné de la Victoire, et il le fit se reconnaître comme celui auquel était promis l’empire du monde.
Le panégyriste qui en rend compte n’hésite pas, dans son discours au prince, à qualifier Grand de « plus beau sanctuaire du monde » et il mentionne plus loin un détail capital :
Les eaux bouillantes de notre Apollon punissent les parjures.
C’est en effet là le parallèle le plus exact qui se puisse trouver au mythème du Feu dans l’Eau : une source merveilleuse pouvant guérir et régénérer ceux qui s’en approchent correctement mais détruisant ceux qui l’abordent indignement en lançant contre eux un flot bouillant et, comme par exemple la Seaghais, cette source est bien affectée à un dieu jeune, fils adultérin d’un dieu jupitérien et maître de la connaissance du passé, du présent et de l’avenir : Grannos est assimilé à Apollon, fils adultérin de Jupiter ; Apollon est par définition le dieu des oracles, Grannos prophétise à Grand pour Constantin Ier et la réputation oraculaire de Grand est confirmée par la découverte de tablettes zodiacales à usages horoscopique ; Grannos peut guérir les maux de l’âme et du corps puisque c’est sa réputation pour cela qui a attiré Caracalla.
Grannos est encore réputé médecin au cinquième siècle, lorsque le rhéteur chrétien Marius Victor dénonce l’inexistence d’Apollon et s’en moque en signalant que, chassé désormais de Grèce, il n’est plus qu’un médicastre gaulois réduit à duper les Barbares locaux.
Il n’a d’ailleurs pas disparu dans la mémoire de l’Ancienne Gaule. Les eaux de Grand, christianisées et mises sous le patronage d’une sainte Libaire, ont gardé leur réputation guérisseuse jusqu’en des temps tout récents et l’on a aussi noté une curieuse survivance de son pouvoir d’assurer la vitalité, dans le folklore auvergnat jusqu’au siècle dernier : au premier dimanche de Carême, on allumait des feux de joie et on y enflammait des torches de paille que l’on promenait alors dans les vergers, en ayant soir de faire passer le feu sur toutes les branches, et dans les champs pour les fertiliser de leurs cendres, non sans en garder quelques pincées pour les nids des poules pondeuses. Ces torchères, censées garantir ainsi l’abondance des fruits, des blés et des œufs, sont appelées grannas mias et toute l’affaire est accompagnée d’un refrain :
Granno mo mio !
Granno mo pouère !
Granno mo mouère !
III. Poisson, bélier et serpent criocéphale : les incarnations animales du Feu dans l'Eau.
III.1 Dans les traditions celtes, les deux identifications majeures de la source cosmique recelant mythiquement le Feu dans l’Eau sont donc en Galles le Llyn Lliwan et en Irlande la Seaghais.
Les noisettes de la Seaghais (cná Seaghsa) sont tenues dans la tradition irlandaise pour imbues de toute la science divine et leur ingestion, ou celle du saumon qui s’en est nourri, est censée apporter l’inspiration authentique aux poètes et aux sages. Un poème, par exemple, l’expose clairement :
C’est la noisette de ces coudriers dispensateurs de la connaissance que le sage a trouvée (et) les arbres ployaient sous(le poids de) ces noisettes lorsqu’il les a écalées.
La pêche du saumon est évoquée par deux légendes analogues, attachées aux deux plus célèbres héros de la mythologie.
La première raconte comme Cúchulainn le harponne dans la Boyne et, juste après cela, capture le nain Seanbheag Ó hÉbhrice « Petit Vieux fils de Saumon Tacheté » qui poursuit dans une minuscule nacelle en bronze le saumon et les noisettes. Il lui extorque une tunique, colorée à souhait, qui garantit contre la vieillesse et contre le feu et l’eau, puis un bouclier et un javelot qui assurent la victoire au combat mais, après cela, Seanbheag pince les cordes de sa rote, endort le héros par leur son et s’enfuit avec le saumon. Une autre version remplace Seanbheag par le gardien de la Seaghais, Neachtan Ealcmhar, et cette fois Cúchulainn a plus de chance puisqu’il conserve sa prise après avoir blessé son adversaire : cette version-là s’avère moins convaincante car Cúchulainn est un parangon guerrier et il n’apparaît jamais comme un poète inspiré ni comme un maître de connaissance et l’on ne peut pas croire dès lors qu’il a pu acquérir la science que recèlent le saumon et les noisettes.
L’autre est attachée à Fionn mac Cumhaill et celui-là, si l’on ne compte plus ses exploits guerriers, est canoniquement un omniscient inspiré pour avoir ingéré la science du saumon nourri des merveilleuses noisettes :
Deimhne partit pour apprendre la poésie auprès de Finnéigeas qui vivait sur les rives de la Boyne. Finnéigeas y vivait depuis sept ans en guettant le saumon du Linn Féich parce qu’il lui avait été prédit que rien ne resterait inconnu à celui qui le mangerait. Le saumon fut pris et Deimhne fut chargé de le cuire, avec défense par le poète d’en manger une seule miette. Après l’avoir fait cuire, le garçon apporta le saumon. « N’en as-tu rien mangé, mon gars ? » questionna le poète. Il répondit : « Non mais j’y ai brûlé mon pouce que j’ai ensuite mis dans ma bouche ». « Quel est ton nom, petit ? » demanda l’autre. « Deimhne » dit-il. « Mon garçon, ton nom sera désormais Fionn car c’est à toi qu’il a été imparti de manger le saumon et en vérité tu es le Fionn ». Le garçonnet mangea alors le saumon et c’est cela qui a donné la connaissance à Fionn : c’est-à-dire que chaque fois qu’il met son pouce en bouche et chante l’(incantation) teinm laodha, tout ce qu’il ignore lui est révélé.
Le choix du coudrier et des noisettes dans le mythe de la source cosmique irlandaise n’est sans doute pas anecdotique. Il a en effet été remarqué que très souvent de nombreuses noisettes ont été trouvées lors des fouilles des sanctuaires de sources du monde celto-romain et que ce type d’offrande apparaîtrait même plus régulièrement si les fouilleurs n’y voyaient pas le plus souvent un élément dénué d’importance et de signification.
Il a été vu plus haut que les noisettes de la Seaghais sont comparées à des têtes de béliers. Les eaux du Llyn Lliwan gallois sont elles aussi réputées agitées par les têtes de deux béliers qui s'affrontent :
Une autre merveille (de la Grande-Bretagne) est celle des Dau Ri Hafren ou Deux Rois de la Severn. Chaque fois que le flux marin envahit l’estuaire de la Severn, deux hautes vagues s’y forment distinctement et s’affrontent comme deux béliers combatifs. Chacune se lance contre l’autre et elles se cognent à tour de rôle jusqu’à ce que l’une des deux cède. Il en est ainsi à chaque marée et cela depuis le commencement du monde jusqu’à ce jour.
L’association du bélier à l’eau est par ailleurs bien attestée dans le monde celte. Elle se trouve non seulement dans les deux faits évoqués,mais aussi dans plusieurs traditions qui identifient la mythique neuvième vague à un bélier dont les autres vagues seraient les brebis.
On peut aussi se demander si les trois brebis pourpres qui surgissent de la source dans laquelle est baptisé saint Brendan ne seraient pas les vagues causées par son ondoiement « au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit » sur l’eau de la source cosmique réputée farcie des noisettes de science enpourprantes et grosses comme des têtes de bélier...
De même, l'association de la source cosmique, du bélier et du saumon en Irlande trouve un écho dans la l'histoire de la conception et de la naissance du haut-roi d'Irlande Aodh Sláine. Sa mère, Mughain, l'une des deux épouses du roi Diarmaid mac Cearrbheoil, ne pouvait pas avoir d'enfants. Celle-ci demanda l'aide de deux saints : Aodh mac Breac etFinnian de Moville. Ceux-ci bénirent de l'eau et la donnèrent à la reine qui l'absorba. Elle accoucha peu après d'un agneau. Elle bu une deuxième fois de l'eau et, là, elle accoucha d'un saumon argenté. Enfin, elle accoucha d'un fils qu'elle nomma Aodh Sláine. On notera que les associations christiques, plus ou moins explicites dans les sources, de l'agneau et du poisson ne sont en fait que la récupération d'un motif pré-chrétien. L'association de ces deux animaux et du Feu dans l'Eau est ici renforcé par plusieurs détails. Tout d'abord, le nom de l'un des deux saints bienfaiteurs et du jeune prince né au terme du triple engendrement est celui d'Aodh « Feu ». L'autre saint mentionné a un nom qui nous rappelle les figures de Fionn et Fionntan, elles aussi associées au Feu dans l'Eau. Enfin, le surnom de l'enfant conçu est Sláine ce qui se réfère sans doute, en premier lieu, au lieu d'origine de ce roi, mais aussi, au-delà de l'explication de ce surnom comme soulignant le caractère « complet », normal, de l'enfant par rapport aux deux naissances précédentes, au nom de la source du même nom, qui apparaît dans les textes comme une image de la source cosmique. Enfin, le fait d'avoir confectionné un tel récit, à partir d'éléments tirés des traditions irlandaises concernant le Feu dans l'Eau, pour compter les origines d'un haut-roi d'Irlande n'est sans doute pas étrangère à la symbolique souveraine attachée à ce concept.
La symbolique aquatique du bélier celte se double donc de l'association de celui-ci avec le feu – ce qui rejoint le caractère pyrétique du Feu dans l'Eau. Par analogie entre les affrontements des béliers et la percussion nécessaire pour obtenir une étincelle de mise à feu, les briquets antiques, laténiens et celto-romains, ont régulièrement pris la forme des cornes recourbées de ces animaux : par exemple à Eprave (Hainaut) ou à Oudenburg (Flandre Occidentale) et à Vireux-Molhain (Ardennes).
Cette association apparaît également dans le choix des mêmes formes pour de très nombreux landiers depuis la fin de l’époque latènienne jusqu’aux temps celto-romains et de la Gaule jusqu’au bassin du Danube.
III.2 Ces assertions qu’une puissance criomorphe réside dans les eaux de la source cosmique ne sont pas isolées. En Iran aussi, le xvarɘnah – peut-être l’une des plus explicites parmi les représentations mythologiques du Feu dans l’Eau – apparaît avoir été régulièrement imaginé sous (entre autres) la forme d’un bélier, comme dans le récit suivant.
L’ancêtre de la dynastie sassanide, Ardashir, est chassé de la Cour du roi Artaban VI pour avoir oser blâmer l’un de ses fils. Réduit à garder les troupeaux, il apprend néanmoins que les astrologues du roi ont prédit que si l’un des serviteurs s’enfuyait avec sa favorite, il menacerait son pouvoir. Il convainc celle-ci de s’enfuir avec lui en emportant un partie du trésor royal. Ses astrologues avertissent alors Artaban que le xvarɘnah, sous la forme d’un énorme bélier, les suit dans leur fuite et que s’ils ne sont pas repris avant trois jours, le roi perdra son trône. De jour en jour, le bélier se rapproche d’Ardashir et, le troisième jour, il monte sur la croupe de son cheval. Le sort en est dès lors jeté : malgré ses tentatives de résistances, Artaban est vaincu et Ardashir prend sa place.
Le xvarɘnah est aussi explicitement représenté sous cette forme à l’époque sassanide : par exemple surun stuc ou dans un motif textile qui réunit significativement trois symboles du xvarɘnah : le bélier, les rubans et les perles.
Remarquablement – et en particulier par comparaison avec le matériel celte décrit ci-dessous–, d’autres Iraniens, les Scythes ont représenté un poisson d’or à cornes de bélier et à la queue composée de deux têtes de bélier : conjoignant donc les thèmes de l’or flamboyant, du bélier et de l’eau.
III.3 Il a été judicieusement remarqué qu'en Grèce aussi le bélier joue le même rôle que dans la légende d'Ardashir, puisque c'est par la capture d'un bélier surnaturel à la toison d'or que Jason réussit à supplanter l'usurpateur Pélias et qu'il peut revendiquer (mais en vain) le trône d'Iolcos.
Ce bélier est né des amours de Poséidon et de Théophane. Celle-ci, fille de Bisaltes, le fils d'Hélios et de Gaia, était si belle que de nombreux prétendants recherchaient sa main, jusqu'à ce que Poséidon l'enlève jusqu'à l'île de Crumissa que les prétendants encerclent ensuite de leurs navires. Poséidon change alors Théophane en brebis, les habitants de l'île en moutons et lui-même en bélier. Lorsque les prétendants commencent à massacrer les moutons, Poséidon les change en loups, puis conçoit avec Théophane, sous forme ovine, le bélier à la toison d'or. Ensuite, celui-ci ne réapparaît que pour sauver Phryxos et Hellé, les enfants d'Athamas et de la nymphe Néphélé, du sacrifice auquel les voue leur marâtre Ino. Ce bélier, sur le dos duquel les enfants s'enfuient, est, selon les versions désigné comme ayant été envoyé par Néphélé, mais fournit par Hermès, Poséidon ou Zeus. Les enfants s'enfuient sur son dos. Durant la traversée de la mer, Hellé tombe à l'eau, donnant son nom à l'Hellespont. Une fois arrivé en Colchide, Phryxos sacrifie à Zeus le bélier qui devient ainsi la constellation du même nom. Il s'établit alors dans la maison d'Æétès, roi de Colchide et fils d'Hélios et suspend la toison du bélier dans un chêne gardé par des bœufs aux sabots de bronze et au souffle de feu, tandis qu'un dragon qui ne dort jamais gît à ses pieds.
Ici, plusieurs éléments tournant autour de ce bélier sont clairement en lien avec le mythème du Feu dans l'Eau :
* le bélier est le fils du gardien du Feu dans l'Eau grec ;
* Théophane, sa mère, est une petite-fille d'Hélios, le dieu du soleil, et le roi qui accueille Phryxos est un fils d'Hélios. Tout cela rappelle l'origine solaire du xvarɘnah iranien ;
* la fuite et la dissimulation de Poséidon et Théophane sur une île, face à des prétendants non-qualifiés pour concourir pour la main de Théophane et, par conséquent, à la succession du père de celle-ci, puis leur métamorphose punitive, rappellent les prétendants à la souveraineté qui cherchent à s'emparer du Feu dans l'Eau et leurs échecs le plus souvent cuisants ;
* la mort d'Hellé rappelle celle d'Eithne Bóinn : ces héroïnes se noient au cours de leur fuite et donnent leur nom à une voie d'eau ;
* Il ne faut pas oublier que, en dépit de l'acceptation commune, il semble que le bélier s'enfuit, avec les deux enfants de Néphélé, non pas en volant, mais en nageant, ce qui assure là encore une association particulière de cet animal avec la mer.
III.4 De même que, en Grèce, la toison d'or, dépouille du bélier merveilleux, est suspendue au sommet d'un arbre gardé par un dragon, une configuration analogue se retrouve en Scandinavie. En effet, il est dit dans l'Edda de Snorri que la source de l'hydromel bu par les einherjar, les guerriers morts qui combattront à côté des dieux à la fin des temps, est la chèvre Heiðrún qui mastique le feuillage de l'arbre Læraðr. À ses côtés se tient le cerf Eikthyrni, qui broute aussi les branches de l'arbre et dont les bois produisent un grand ruissellement de gouttes tombant dans la source Hvergelmir, d'où sourdent quarante rivières. Or un autre passage désigne Hvergelmir comme l'une des trois sources situées au pied d'Yggdrasil, l'arbre cosmique et axis mundi scandinave, où réside le serpent Nidhoggr qui ronge le bas d'Yggdrasil et une foule de serpents anonymes qui en dévorent les racines. Il semble donc que Læraðr est un autre nom d'Yggdrasil. L'un des cosignataires de la présente étude a, par ailleurs, donné des arguments en faveur de cette identification d'Yggdrasil comme étant un arbre produisant de l'hydromel en dégouttant une rosée de miel dans l'une de ses trois sources – triplification différenciée de la source cosmique, celle d'Urd. La troisième source étant celle du géant Mímir, censée donner intelligence et sagesse.
Il y a là un parallèle étroit avec les vertus poétiques de l'eau empourprée de la Seaghais. De même, le jus qui donne cette faculté aux eaux de cette source provient de noisettes mastiquées par un saumon, grosses comme des têtes de bélier, alors que c'est de deux animaux cornus broutant un arbre que proviennent l'hydromel ou l'eau d'une source cosmique et, dans ce dernier cas, plus spécifiquement de la tête de l'un de ces animaux. Cependant, il y a une ambivalence dans ces deux sources : ainsi, c'est de la chèvre Heiðrún qu'est issu l'hydromel qui abreuve les einherjar, les morts élus d'Odin, tandis que c'est de Hvergelmir « le Chaudron Hurlant », situé sous la racine d'Yggdrasil qui s'en va vers Niflheim, le monde souterrain, que proviennent quarante rivières dont les flots empoisonnés coulent vers Hel, l'inverse de la Valhöll, le séjour des einherjar. Cette ambivalence est également présent au sein des différentes traditions concernant le Feu dans l'Eau : ses vertus ne sont accessibles qu'aux élus, les autres étant immanquablement détruits dans ses flots. C'est bien cela que l'histoire de Bóinn exprime en Irlande. En outre, comme Hvergelmir, la Seaghais est la source de nombreux fleuves, voire de tous.
De plus, on remarque l'inversion entre Nidhoggr et ses compagnons ophidiens anonymes, d'une part, et le saumon de la source irlandaise, d'autre part. Les premiers rongent la partie basse d'Yggdrasil, remettant en cause la stabilité de l'axe du monde : leur action est donc négative et destructrice. Le second croque des éléments issus de la partie supérieure des coudriers, donnant ainsi ses qualités aux eaux de la Seaghais : c'est là tout l'inverse de l'action des serpents scandinaves.
À ces éléments animaliers de la cosmologies scandinaves, peuvent également être joints ceux de la légende de l'Or du Rhin. Ainsi, Otr, qui mange un saumon, animal imbu du Feu dans l'Eau celte, en devient également imbu, sous sa forme aurique après avoir consommé le poisson, été tué et rempli d'or, le fameux lindar logi d'Andvari. Dans cet ordre d'idées, il n'est pas étonnant que ce dernier ait un tel nom et soit attrapé sous sa forme de poisson par Loki. De même qu'Otr, une fois qu'il en est le nouveau propriétaire, il en est également l'incarnation. De même, Fáfnir, une fois en possession du trésor, se transforme en dragon pour le protéger. En prenant cette forme reptilienne, il est l'équivalent des serpents scandinaves, mais aussi des poissons précédemment cités. En effet, une fois que Sigurd l'a occis, Regin lui demande d'en rôtir le cœur, et quand une goutte de sang perle sur celui-ci, Sigurd la tâte du doigt pour vérifier que le cœur est à point : il se brûle, porte son doigt à sa bouche et comprend aussitôt le langage des oiseaux, ce qui lui assure la révélation de l'avenir. Plusieurs exégètes ont mis en parallèle cet épisode avec la prise de la science poétique par Fionn. Dans cette perspective, Fáfnir est le contenant d'une science poétique similaire à celle du saumon irlandais.
Une autre figure est peut-être en lien avec le Feu dans l'Eau et son bestiaire. Il s'agit du dieu Heimdallr. Celui-ci est le dieu « primordial« , ancêtre de toute l’humanité et destiné à survivre le dernier, jusqu’à la fin de l’éon - comme l’Irlandais Fionntan et ses homologues, équivalents celtes de l' Apāṃ Napāt indien et dont l'une des incarnations est le saumon de la Seaghais, tandis que Fionn en est l'hypostase héroïque. Heimdallr est un bélier, né de neuf mères, des sœurs géantes qui ne peuvent être que les filles d’Ægir, le géant qui incarne la mer.
L’un [des Ases] est Heimdallr, que l’on appelle l’Ase Blanc et qui est grand et sacré. Il fut enfanté par neuf vierges qui étaient toutes sœurs. Il porte également les noms de Hallinskidi et de Gullintani et, de fait, ses dents sont en or... Il habite à l’endroit appelé Himinbjorg, qui est situé près de Bifrost... La tête est appelée « épée de Heimdallr« ... Il dit de lui-même dans le Heimdallrargald : « De neuf mères je suis l’enfant, de neuf sœurs je suis le fils« .
Il est aussi un phoque:
En une occasion, [Heimdallr] se battit contre Loki pour le [collier] Brísingamen... Ulf Ugasson a laissé un long passage traitant de cette histoire dans son Húsdrápa, et il y est mentionné qu’ils se battirent sous la forme de deux phoques....
Le fait qu'il soit un « bélier » issu de neuf vagues le rapproche des béliers aquatiques tumultueux déjà évoqué. De plus, l'affrontement aquatique, sous forme de phoques, qu'il a avec Loki fait penser immanquablement au mascaret de la Severn qui est comparé à l'affrontement de deux béliers. En outre, il est implicitement un « descendant des eaux » par son lien maternel avec Ægir. Cependant, Heimdallr n'appartient pas fondamentalement au type divin du gardien/incarnation du Feu dans l'Eau. C'est a celui du « dieu-cadre », en particulier au dieu-ciel indien Dyu et à son incarnation terrestre Bhisma qu'il correspond, comme le fait qu'il réside à Himinbjörg « Mont-du-Ciel » et qu'il est le gardien de Bifrost, l'arc-en-ciel.
Néanmoins, on notera que l'une des étymologies possibles de son nom est« Croissance du Monde » ou « Monde Florissant », ce qui rappelle là encore la symbolique génésique du Feu dans l'Eau et son rôle en tant que progéniteur indirect de la société humaine qui doit culminer avec la naissance d'un roi, Konr Ungr. Il est dit également que Heimdallr est le propriétaire de Gjallarhorn, une corne dans laquelle il boit de l’hydromel, alors qu’elle est aussi attribuée à Mímir, le gardien de l'une des formes de la source cosmique scandinave. Cette corne s'identifie donc à cette source. Cependant, Heimdallr est dit avoir caché sous Yggdrasil son hljόð. Ce terme est souvent traduit par « corne, trompette », bien qu’il n’a pas ce sens dans d’autres textes. Ses significations sont « son, musique, ouïe » et aussi « silence » - dans le sens de laisser quelqu’un parler. Ce serait donc son ouïe que Heimdallr a mis sous Yggdrasil. C’est ainsi qu’il aurait son ouïe extraordinaire, capable d’entendre tout son plus fort que celui de l’herbe ou de la laine en train de croître. On peut aussi rapprocher cette corne de l’identification de Heimdallr à un bélier. Selon cette théorie, Gjallarhorn ne serait autre que la corne de Heimdallr, identifiée avec son oreille, puisqu'elle peut contenir notamment les sons. Ainsi, en sacrifiant volontairement ou non son ouïe/corne au pied d’Yggdrasil, il aurait ainsi acquis le savoir de la source cosmique, puisque celle-ci est identifiée à sa corne. Heimdallr pourrait donc ainsi participer partiellement de la mythologie du Feu dans l'Eau.
De même, son adversaire sous forme de phoque, Loki participe également de ce mythème : c'est ainsi son action qui provoque le cycle de l'or maudit : c'est lui qui tue Otr, qui fournit l'or pour couvrir sa peau et qui suscite sa malédiction, après avoir pêché Andvari. En outre, une autre épisode montre bien qu'il a quelque rapport avec le Feu dans l'Eau.
Ainsi, après avoir déclaré aux dieux qu'il est l'instigateur du meurtre de Baldr, Loki se réfugie dans une maison au pied d’une montagne près d’un fjord alimenté par une cascade. Dans cette maison, il peut voir si quelqu’un s’approche grâce aux quatre ouvertures qui s’y trouvent. Loki revêt aussi une forme de saumon pour nager le jour dans la rivière. Réfléchissant au moyen que les dieux pourraient mettre en œuvre pour l’attraper, Loki invente le filet de pêche mais, voyant que les dieux s’approchent de sa cachette, il décide de le jeter au feu, de se transformer en saumon et de se cacher dans la rivière. Les dieux voyant les cendres du fil, comprennent la ruse de Loki et décident de tendre un tel filet dans l'eau pour l’attraper. Au final, c’est Thor qui capture Loki-saumon par la queue, à main nue, alors qu'il tentait d'échapper au filet en sautant hors de l'eau. Loki est un dieu lié au feu – sans toutefois être limité à cette définition. Or, sous forme de saumon dans une rivière, il apparaît sous une forme du Feu dans l’Eau, tout comme en Inde, Apāṃ Napāt est considéré comme une forme virtuelle et aquatique d’Agni, le feu. D’autant plus que ce dernier se cache, au départ, au fond des eaux par peur d’être détruit par les dieux lorsqu’il devra consumer le sacrifice.
Enfin, Loki est le père d'un serpent aquatique qui enserre la Terre, Miđgarđsomr-Jörmundgandr. Certes, celui-là semble n'avoir rien en commun avec Nidhoggr, à part sa nature ophidienne, aquatique et maléfique, mais R. Boyer a échafaudé une théorie le liant à Heimdallr qui, en dépit de son caractère aventureux, mérite qu'on lui accorde quelques instants. Une kenning pour l'épée est « tête d'Heimdallr ». Or le fer d'un glaive évoque fortement par sa forme la tête d'un serpent. De plus, les neuf mères d'Heimdallr rappellent les neuf mondes que supportent Yggdrasil, participant à la cohésion du monde, comme Miđgarđsomr-Jörmundgandr enroulé sur lui-même. Lorsque Heimdallr sera mort, que le serpent se déroulera et qu'Yggdrasil tombera, ce sera la fin du monde. Il ajoute à cela que les vagues des mères d'Heimdallr sont similaires aux eaux hantées par le serpent et que le terme gandr « baguette magique » est un heiti recevable à la fois pour l'arbre cosmique et pour un serpent dressé. Il y aurait donc un ensemble d'idées qui lierait Heimdallr, dieu à la tête de bélier dont la demeure se situe au sommet des cieux, soit tout en haut d'Yggdrasil, comme les quadrupèdes cornus évoqués, à un serpent aquatique et maléfique similaire à Nidhoggr. Cette relation se faisant à travers l'image de l'arbre Yggdrasil et de la figure de Loki, antagoniste de Heimdallr et père du serpent, tout en étant lié lui aussi à l'idée de Feu dans l'Eau.
Ce lien entre le Feu dans l'Eau quadrupède cornu, un serpent aquatique et un arbre situé au pied d'une source cosmique est également connu des Indo-Iraniens.
III.5 Nous avons déjà mentionné la forme de bélier que pouvait prendre le xvarɘnah. Cependant, sa demeure, le lac Vourukaša possède aussi un bestiaire, en lien avec deux arbres cosmiques, qui possède de nombreux traits que l'on retrouve dans celui de l'axis mundi scandinave. En ce qui concerne les créatures qui sont liés à notre problématique. Au centre du Vourukaša, il y a le Gaokərəna, l'arbre du haoma blanc, la plante d'immortalité. Ahriman, le mauvais esprit du mazdéisme, a formé une grenouille pour détruire cet arbre. Celui-ci est surveillé par un ou deux poissons kar(a) doté(s) de la plus puissante des vues l'empêchant ainsi d'agir. Cette grenouille détruisant cet arbre a été rapprochée de Nidhoggr et si ce dernier n'affronte pas un poisson, il a de l'animosité pour l'aigle se trouvant au sommet d'Yggdrasil.
Au bord ou au centre du lac iranien se trouve l'Âne à Trois Pattes (xar ī se pāy), celui-ci est aussi grand que le mont Xvanwand et est décrit comme ayant trois pattes, six yeux, une corne qui se ramifie en une multitude et neuf testicules. Cet âne vertueux (ahlaw) a une tête bleue-verte (xašēn), un corps blanc brillant (spēd) et il se nourrit de nourriture spirituelle. Il fait bouger les eaux du lac cosmique en mettant son cou dans celui-ci et en y baissant ses oreilles. Son braiment fertilise toutes les créatures aquatiques femelles bénéfiques et fait avorter les mauvaises. Son urine purifie les eaux du lac qui sinon porteraient la souillure d'Ahriman tuant toute la bonne création. L'ambre gris est son crottin. Son urine et son crottin sont produits par la pénétration de l'humidité de l'eau par les pores de sa peau. Le dieu Tištrya, représenté par l'étoile Sirius et censé apporter la pluie, est dit être aidé par cet âne dans sa prise des eaux du lac. Ici, cet âne, aussi grand qu'une montagne, qui se trouve proche des arbres porteurs de vie et qui a une corne se ramifiant comme la cime d'un arbre peut faire penser à la chèvre qui se trouve en haut d'Yggdrasil, mais comme si une partie de son corps avait fusionné avec l'arbre. Ainsi, les trois pattes de l'âne font penser aux trois racines de l'arbre cosmique scandinave ; la ramure de sa corne évoque les branches qui partent du faîte d'un arbre. Certes, cet âne ne mange pas, comme le cerf ou la chèvre d'Yggdrasil, mais il génère aussi deux matières auspicieuses en absorbant l'eau du lac par sa peau. La dualité de son braiment évoque également la dualité des substances issues des deux quadrupèdes scandinaves.
Juste après la mention de cet âne, il est question d'un bœuf du nom de Hadayōš ou Srisōg (« [Celui] des Trois Feux »), dont il est dit que, au début des temps, il a porté sur son dos les trois principaux feux du culte mazdéiste, lesquels sont assimilés au xvarɘnah ; tandis que, à la fin des temps, sa graisse mélangée au haoma donnera l'immortalité aux hommes ressuscités. Il est dit aussi de ce taureau aquatique qu'il est dans toutes les mers et que le son qu'il émet fertilise les bonnes créatures aquatiques et fait avorter les mauvaises. Ici, ce bovin est similaire à l'âne : il est aquatique et le son qu'il émet à le même double effet. En outre, il possède deux caractéristiques qui sont étrangères à l'âne, mais que l'on retrouve dans d'autres créatures évoqués ici. Ainsi, comme le bélier sassanide, il est en lien avec le xvarɘnah, et comme la chèvre scandinave, il fournit un mets d'immortalité.
Georges Dumézil a, pour l'Inde, rapproché la chèvre et le serpent scandinaves de deux animaux divins : Ajá ékapād « le Bouc (ou le Non-Né) à un pied » et Ahi budhnyà « le Serpent (ou Dragon) du fond ». Ceux-ci sont nommés douze fois dans le Ŗgveda. Le premier n'est mentionné qu'avec le second, ce qui marque leur association fondamentale, sauf dans un passage où il est dit :
Que la fille de Pavīru (l'éclair?), le tonnerre, le bouc à un pied, le porteur du Ciel, le Sindhu (ou la rivière), les eaux océaniques, que tous les dieux écoutent mes paroles [...].
Ce que G. Dumézil rapproche d'un autre passage où les deux figures sont associées :
Que l'océan, le Sindhu (ou la rivière), l'espace, l'entre-ciel-et-terre, le Bouc à un pied, le tonnerre, la mer, le Serpent du fond écoutent mes paroles, [ainsi que] tous les dieux mes généreux patrons.
Il déduit de ces deux passages que le bouc est lié à l'air et au ciel, tandis que le serpent l'est aux eaux. Dans les hymnes, le bouc est liédeux fois à Apāṃ Napāt et le serpent trois fois. De ce dernier, le caractère redoutable est signalé par la demande du poète de ne pas nuire, ce qui le rapproche du Nidhoggr germanique, mais aussi plus généralement de l'aspect destructeur du Feu dans l'Eau. Enfin, signalons que le poisson Kara et l'âne tripode sont mentionnés ensemble.
En ce qui concerne le bouc, les exégètes indiens l'ont assimilé au Soleil ou au « feu en forme de soleil », donc à une forme céleste du feu. Le caractère monopode du bouc, en lien avec sa nature « solaire », a été mis en relation avec un texte où le Soleil est décrit comme ayant un pāda (pied, rayon?) noir qui pompe pendant huit mois l'eau qu'il reversera en pluie pendant les quatre autres. Pour G. Dumézil, il n'est pas sûr que ce passage soit en lien avec le bouc et, si oui, c'est une adaptation tardive, car elle n'apparaît pas dans le Ŗgveda. Il en tire la conclusion quele rapprochement avec le Soleil est dû au fait que l'animal était à l'origine un être céleste et lumineux, différent de l'étoile polaire en tant qu'axis mundi et du « porteur (ou mainteneur du ciel) » qui est suivi du bouc dans les hymnes. Sans remettre en doute cette interprétation, on peut concevoir que le bouc est associé à cet axis mundi et à l'office du « porteur du ciel », comme le montre le texte suivant :
Rohita a engendré le ciel et la Terre ; Parameṣṭin y a tendu son fil ; à ce [fil] s'est appuyé Ajá ékapāda, il a affermi le ciel et la Terre par sa vigueur.
On peut en conclure que le bouc participe de la stabilité du monde, similairement à l'axis mundi sur lequel il s'appuie, se confondant presque avec lui ; le premier étant un prolongement de la patte du second, logé à son fait. C'est une image que l'on peut associer à la chèvre scandinave et à Heimdallr.
En outre, le pompage saisonnier de l'eau par la jambe/rayon du Soleil que l'on peut interpréter comme le Soleil ou, plus sûrement, comme son essence pyrétique rappelle les spéculations indiennes, évoquées au début de cet article, concernant la nature paradoxale du Feu dans l'Eau, qui nourrit les plantes, dont sort le feu, à travers la pluie, lâchée par l'orage, que nourrissent là les eaux terrestres, à travers le feu évaporant du Soleil. Il y a donc là l'évocation d'un cycle de l'eau et du feu qui passe par une entité confondue avec l'axis mundi. Cela rappelle également ce que les textes islandais disent à propos d'Yggdrasil et de l'une des sources sises à ses pieds :
On dit encore que les Nornes qui habitent près de la source d’Urð y prennent chaque jour de l’eau et, avec elle, la boue (aurr) déposée tout autour de la source, et qu’elles en aspergent le frêne afin que ses branches ne se dessèchent ni ne pourrissent. Cette eau est si sacrée que toutes les choses qui entrent dans la source deviennent aussi blanches que la membrane placée à l’intérieur de la coquille d’un œuf, comme il est dit ici :
Je sais qu’il est un frêne
Appelé Yggdrasil,
Arbre altier, sacré,
De blanche boue (hvίta auri) aspergé.
De là viennent les gouttes de rosée
Qui tombent dans les vallées.
Toujours vert, il se dresse
Au-dessus de la source d’Urð.
La rosée qui, de là, tombe sur la terre, les hommes l’appellent « miellat », et c’est de cela que se nourrissent les abeilles.
Il y aurait donc là une relation cyclique entre la « boue blanche » de la source, l'arbre et la rosée d'hydromel qui coule de ses feuilles. Le tronc de l'arbre jouerait là le rôle aspirant de la jambe du bouc monopode, celle-ci ayant été rapprochée de l'axis mundi indien. Cet office d'Ajá ékapād ressemble bien à celui de la chèvre Heiðrún, dans sa production d'hydromel à partir du feuillage de l'arbre qu'elle consomme. Cela nous rappelle aussi le rapport de l'âne tripode iranien avec l'eau : il les met en mouvement par le moyen de sa tête et il aide le dieu de la pluie à les prendre. De plus, l'eau effectue également un cycle à l'intérieur de son corps, puisqu'elle passe par sa peau puis se transforme en urine purificatrice et en ambre gris qui vont finir dans les eaux.
Enfin, dans les attestations les plus tardives, Ajá ékapād et Ahi budhnyà sont les gardiens, avec Kubera, dieu de la richesse, de l'or « fabriqué par le Feu dans la terre », ce qui nous rappelle la forme aurique que peut prendre le Feu dans l'Eau et le rôle de gardien de celui-ci que prend le serpentiforme Fáfnir en Scandinavie.
III.6 À travers, les témoignages grecs, scandinaves et indo-iraniens, nous avons pu voir qu'un animal cornu, plutôt bénéfique, situé au faîte ou a proximité d'un arbre cosmique, est plus ou moins couplé avec un serpent ou un poisson, plutôt maléfique, situé dans un plan d'eau localisé au pied de l'arbre. En outre, les Scythes ont conjoints les deux thèmes à travers l'image d'un poisson d'or ayant les attributs d'un bélier, en particuliers ses cornes, ce qui a été rapproché des faits irlandais concernant le saumon de la source cosmique. Cependant, la première mise en parallèle de cette image scythique avec le matériel celte n'a pas été faite avec ce poisson irlandais, mais avec une autre créature hybride, à la fois bélier et serpent dont la queue se finit parfois en poisson : le serpent criocéphale.
Celui-ci apparaît de façon récurrente dès l’époque hallstattienne et l’on doit à un récent mémoire de maîtrise, soutenu à l’Ecole Pratique de Hautes Études de Paris sous la direction du Prof. Venceslas Kruta, le meilleur catalogue de ses représentations.
Dans les traditions celtes, la source primordiale recelant le Feu dans l’Eau est associée à un coudrier qui constitue évidemment l’axe cosmique représentant à la fois l’action divine qui fait « tourner » le monde et l’étai de la voûte céleste maintenant la béance spatiale indispensable à l’existence du monde.
Remarquablement, il a été noté qu’un motif de monstres à tête de bélier et bec de rapace, l’un des thèmes animaliers de l’iconographie celte préromaine – par exemple sur le magnifique torque en or mis au jour à Frasnes-lez-Buissenal (Hainaut) -, se reconnaît comme une variante du motif des gardiens de l’Arbre de Monde.
Sur un autre torque mis au jour à Mailly-le-Camp (Aube), ces monstres apparaissent dotés d’un long cou sinueux qui paraît annoncer déjà le serpent criocéphale de l’iconographie celto-romaine.
Il a été vu par ailleurs que les Celtes anciens, comme beaucoup d’autres, tenaient la tête pour le réservoir de la vie transmissible – le sperme des pères, le lait des mères –, autrement dit le liquide contenant le feu vital.
De leur côté, les spécialistes de l’iconographie celte ancienne ont régulièrement noté que celle-ci associait fréquemment tête humaine et tête de bélier : par exemple sur un landier criomorphe conservé au musée de Châteauroux (Indre), sur les fibules dites « à masques », sur des phalères cisalpines , sur des parures annulaires ou sur la superbe œnochoé de Rheinheim (Sarre) spécifiquement dédiée au dieu-père jupitérien représenté sous forme d’étalon androcéphale et dont il n’est peut-être pas insignifiant qu’elle ait eu pour fonction de servir un liquide alcoolisé, autrement dit une « eau de vie ».
Le renom du bélier pour sa puissante virilité, le parallèle facile entre ses charges défonçantes et la pénétration sexuelle des organes féminins par le membre viril et l’assimilation iconographique entre ce dernier et la tête de l’animal s’accordent de fait bien avec le vieux concept que le sperme était une « eau de vie » dont l’insémination dans le sein de la femme permettait seule à cette dernière d’incarner une nouvelle existence.
L’assimilation iconographique est assez évidente. En témoignent divers documents impudiques, de Délos à Pompéi, en passant par Dürres (Albanie) et autres. Un relief de Birrens (Dumfries-et-Galloway) représentant une tête à cornes de bélier étiquetée « le phallus de Priape » garantit que cette assimilation était comprise et utilisée dans le monde celto-romain. De fait en Gaule, une statue d’Yzeures (Indre-et-Loire) montre ainsi un dieu assis sur un bélier et dont le sexe lui-même à la forme d’un serpent criocéphale. Certes, dans son état actuel il n’est plus possible de savoir si le dieu tenait la bête de sa main mais par contre sur une statue très analogue mise au jour à Lantilly (Côte-d’Or), s’il n’est plus possible d’assurer que le serpent était pareillement criocéphale – car il a perdu sa tête –, le dieu le tient précisément ainsi. Par ailleurs, il n’y a aucun doute face à un beau groupe comme celui de Néris-les-Bains (Allier) : là, le dieu, accompagné cette fois d’une parèdre, tient de la main un serpent criocéphale dont la tête repose exactement dans son giron et l’allusion phallique paraît cette fois d’autant plus claire que plusieurs autres statues gauloises, moins pudiques et moins allusives, montrent le dieu tenant de la même façon son sexe de la main gauche - la statuette de Laz (Finistère) le représente ainsi sur ses deux faces - ou de la droite à Orches ou à Baubigny (Côte-d’Or) ou à Plougastel-Daoulas (Finistère).
La statue de Lantilly montre au creux du giron du dieu, en face de la tête (perdue) du serpent, une grappe de raisins : il a été bien montré par ailleurs – à travers tout un complexe iconographique associant serpents, dieu géniteur et vase manifestement rempli d’un liquide enivrant – que le « vin » ainsi quêté n’est autre que la liqueur de vie par excellence, le sperme du dieu-père.
Ce serpent criocéphale est défini comme un résident des eaux par une queue de poisson qui lui est attribuée peut-être déjà sur des monnaies préromaines – un hexadrachme en argent boïen au nom de Maccius, un statère en argent suession au nom de Criciru[...], etc. – et en tout cas clairement dans l’iconographie celto-romaine :
* à Beauvais (Oise), une stèle figure Mercure tenant le caducée et une bourse tandis que deux serpents criocéphales à queues de poisson sont figuré sur les faces latérales ;
* à Lantilly (Côte-d’Or), la statue mutilée, déjà citée, figure un dieu nu, malheureusement acéphale, laissant voir une grappe de raisins devant son bas-ventre ; un serpent - lui aussi mutilé de sorte qu’on ne peut qu’inférer par comparaison qu’il devait être criocéphale - approche sa tête perdue des fruits ;
* à Savigny (Saône-et-Loire), un bronze figure Cernunnos tricéphale assis en tailleur, tenant dans son giron un corbeille garnie à laquelle se nourrissent deux serpents criocéphales à queues de poisson ;
* à Sireuil (Charente), un relief mutilé figure une déesse drapée autour de laquelle se love un serpent criocéphale à queue de poisson ;
Et l’un des cas les plus remarquables est sans doute celui de cette statue de Bommiers (Indre) représentant un bélier dont l’arrière du corps est celui d’un serpent jadis presque certainement doté d’une queue de poisson.
La version irlandaise du mythème du Feu dans l’Eau relate essentiellement la conception par Eithne Bóinn, déesse identifiée à l’eau s’écoulant de la source cosmique, de son fils Aonghus : c’est donc bien ce dernier - le Mac Óg ou « Fils Jeune » – qui est le Descendant de l’Eau.
Or une brillante étude du dossier d’Aonghus Mac Óg, par Bernard Sergent, a bien démontré que celui-ci se révèle spécifiquement proche de celui du Grec Hermès, plus tard latinisé en Mercure.
En particulier, cette étude met bien en évidence qu’Hermès comme Aonghus apparaissent intimement liés au feu. Hermès en est l’inventeur :
C’est Hermès, qui, le premier, fit jaillir le feu et révéla les moyens d’en faire...
et il lui est même personnellement comparé : lorsque, bébé, il se recroqueville sous ses langes,
Le fils de Zeus et de Maia s’enfonça danses langes odorants : comme une cendre épaisse couvre des charbons ardents de chêne-vert, Hermès ainsi se cacha en voyant le dieu archer...
il offre « l’image anthropomorphisée des braises rassemblées chaque soir sous leur couverture de cendres ». Aonghus est le fils d’un père dont l’un des (sur)noms est Aodh « le Feu »
Je suis Aodh Abaidh d’Assaro, le bon dieu du druidisme des Tuatha Dé Danann, ains que Ruadh Rófheasach et Eochaidh Ollathair : ce sont là mes trois noms...
et il est le frère d’un dieu du même nom : Aodh Caomh « Aodh le Bel ».
Dans le syncrétisme religieux qui s’est imposé à Rome à partir déjà du troisième siècle avant l’ère commune et qui s’est ensuite étendu à tout l’occident romanisé, Hermès à été « traduit » en Mercure.
Est-ce un hasard dès lors si le dieu celto-romain le plus communément associé au bélier ou au serpent à tête de bélier est justement Mercure ?
Voici un essai de catalogue des représentations les associant, pour lequel il faut rappeler que le caducée, les bourses, le coq et la tortue comptent parmi les attributs canoniques du dieu, et que le bouc remplace parfois le bélier à ses côtés.
* À Bath (Somerset), une stèle montre Mercure accompagné d’une déesse-mère trônant et de trois Génies Encapuchonnés (Genii Cucullati) dont le premier semble avoir un bélier en place du phallus ;
* à Beauvais (Oise), un relief représente Mercure tenant le caducée et une bourse tandis que deux serpents criocéphales figurés sur les faces latérales en débordent pour encadrer la tête du dieu des leurs ;
* à Blicquy (Hainaut), un fragment de vase à buste(s) porte la tête de Mercure, le caducée, un coq et un serpent dont la tête est perdue et ne permet pas de savoir s’il était criocéphale ;
* à Châlons-sur-Saône (Saône-et-Loire), un autel est décoré de représentations de Mercure tenant le caducée et une bourse, d’un coq, d’une tortue et d’un serpent, tandis qu’un phallus est gravé sur l’une des faces latérales ;
* à Epping (Moselle), un bas-relief figurant un dieu jeune et imberbe chevauchant un bélier doit sans doute être reconnu comme une représentation de Mercure analogue à celle de Lyon ci-après ;
* à Lyon (Rhône), un relief d’applique en terre cuite montre Mercure chevauchant un bélier ;
* à Saint-Martin-du-Tertre (Yonne), un relief d'une stèle, aujourd'hui perdue, représente Mercure, de côté, brandissant son caducée, tout en chevauchant un bélier.
* à Mettet (Namurois), un vase à buste est décoré d’une tête imberbe représentant vraisemblablement Mercure et d’un serpent criocéphale ;
* à Néris-les-Bains (Allier), la représentation, déjà citée, de Mercure, accompagné d’une parèdre, tient de la main un serpent criocéphale dont la tête repose dans son giron et évoque ainsi son phallus ;
* à Sains-du-Nord (Nord), un vase cultuel est décoré de Mercure en pied tenant son caducée, d’un bouc, d’un coq, d’une tête dans un édicule (fanum ?), d’un dieu cavalier et du serpent criocéphale ;
* à Tourinnes-Saint-Lambert (Brabant Wallon), un vase à buste est décoré d’une tête de Mercure est accompagnée d’un bouc, d’un coq et d’un serpent dont la tête manque ;
* d’origine inconnue au musée de Vesoul (Haute-Saône), un petit bronze représente un dieu (?) imberbe tenant un bouc sous son bras : ce pourrait être la représentation d’un Mercure indigène ;
* à Yzeures-sur-Creuse (Indre-et-Loire), une statuette figure un dieu assis sur un bouc avec la tête d’un serpent criocéphale posée dans son giron ;
* à Nuits-Saint-Georges (Côte-d'Or), une lampe à huile représente Mercure de côté, avec un caducée immense, sur un char tiré par des béliers ;
* anciennement cataloguée dans la collection royale de Prusse, de provenance inconnue, mais probablement des régions rhénanes, une émeraude gravée d'un Mercure de face, sur un char tiré par quatre boucs.
Ces associations figurées de Mercure et du bélier pourraient renvoyer à un lien théologique entre un Mercure indigène et une créature ovine d'essence divine. En effet, une tablette de malédiction de Wilten (Tyrol autrichien) associe Mercure à un certain Moltinus, pour livrer les voleurs de la dédicataire à une créature démoniaque, le Cacus latin. Une autre inscription, retrouvée à Mâcon (Sâone-et-Loire), est, quant à elle, une dédicace en l'honneur de Moltinus faite par un gutuater de Mars Ultor. Le nom de Moltinus est basé sur le gaulois molton- « bélier » : cette figure serait donc un « Divin Bélier ».
Sans doute n’est-il pas le seul mais si l’on prend en considération le fait que la légende irlandaise d’Aonghus est une scène à quatre personnages dont les protagonistes sont – à côté du mari trompé et de l’enfant Aonghus, la déesse mère Eithne Bóinn et le père « jupitérien » Eochaidh Ollathair, il est permis de soupçonner que c’est une distribution analogue des rôles qui justifie l’association du serpent criocéphales à des divinités qui paraissent le plus souvent reconnues comme détentrices de ces rôles.
Ce peut être une déesse-mère :
* À Antigny (Vienne), une statue en calcaire représente une déesse mutilée, acéphale, assise en tailleur et nourrissant à une corbeille posée dans son giron un serpent qui, s’il n’est pas criocéphale, se trouve dans l’attitude fréquente de criocéphales ;
* à Sommerécourt (Haute-Marne), une déesse-mère trônant, malheureusement acéphale, tient sur son bras une corne d’abondance et nourrit un serpent criocéphale à un récipient posé dans son giron ; elle a pour pendant la statue d’un dieu imberbe, aux tempes percées de mortaises pour l’insertion de bois de cervidé ou de cornes, trônant pareillement et nourrissant pareillement à un récipient dans son giron deux serpents criocéphales enlaçant ses bras par dessus ses épaules.
Ce peut être aussi le dieu « jupitérien » sous l’une des formes que lui prête vraisemblablement l’iconographie religieuse celto-romaine :
* à Aÿ (Marne), au sommet de chacune des faces d’un pilier triangulaire apparaît un visage masculin ; deux sont barbus et le troisième imberbe, et ils sont tous trois flanqués d’un bélier à l’angle supérieur ;
* à Birrens (Dumfries and Galloway), la tête dotée de cornes de bélier et étiquetée « le phallus de Priape », déjà mentionnée ;
* à Bisley (Gloucestershire), un autel rond décoré d’une roue - et donc vraisemblablement dédié au maître « jupitérien » de la foudre est entouré par un serpent criocéphale ;
* à Broussy-le-Petit (Marne), un pilier rectangulaire montre sur trois de ses faces un visage masculin, dont deux sont imberbes et le troisième, barbu, porte également des cornes de bélier ;
* à Cirencester (Gloucestershire), un relief figure le dieu à bois de cervidé en anguipède dont les jambes se développent en deux serpents criocéphales ;
* sur l‘une des plaques du célèbre chaudron mis au jour dans une tourbière de Gundestrup (Jutland), le dieu à bois de cervidé est assis en tailleur et tient de la main droite un torque et de la gauche un serpent criocéphale ;
* à Paris (Seine), un bloc d’un pilier funéraire décoré d’une représentation des amours de mars a été secondairement recreusé pour laisser la place à la figure d’un triprosope barbu bouc couché près d’une tortue ;
* le dieu de Sommerécourt et sa parèdre ont déjà été signalés ;
* à Vignory (Allier), un stèle figure le dieu au bois de cervidé, torque au cou, tenant de la main droite un gourdin et de la gauche un serpent criocéphale.
Restent un certain nombre de cas où l’identité du dieu accompagné du bélier ou duserpent criocéphale n’est pas claire ou n’est plus discernable : ainsi à Saint-Ambroix-sur-Arnon (Cher), un dieu assis en tailleur tient un serpent qu’il dirige vers un objet devenu indistinct ; il a perdu sa tête et ne présente rien qui permette de lui prêter une personnalité.
Une autre piste associant le serpent criocéphale au dieu « jupitérien » sont les liens existant entre celui-ci est Conall Cearnach. Ce héros ulate, dont le surnom peut signifier « le Cornu », possède aussi des associations avec le serpent criocéphale, similaires à celles de Cernunnos. Ainsi, le fait que, dans la Táin bó Fhraoich, alors qu'il accompagne le héros éponyme de ce récit dans la récupération de sa femme, de ses enfants et de ses troupeaux, son principal fait d'arme est de pacifier un serpent qui vient se lover dans sa ceinture. Cela rappelle, selon Ann Ross le lien existant entre Cernunnos, le serpent criocéphale et la double symbolique de mort et de fertilité. À ce rapprochement avec Cernunnos, William Sayers ajoute que Conall Cearnach est connu pour être qualifié de lethgabra, ce qu'il traduit par « avec la moitié (des caractéristiques d'un) bouc », c'est-à-dire avec une ou deux cornes. Il ajoute à cela le fait qu'un texte explique le surnom de Conall, « car il y avait une grosseur sur la moitié de son visage, aussi grosse que la bosse d'un bouclier ». Dans le récit de sa conception, il est dit que, dans le ventre de sa mère, un serpent a percé sa main, ce qui est mis en parallèle avec Cernunnos tenant dans sa main le serpent à tête de bélier. Le même auteur notant plusieurs points de comparaisons entre Heimdallr, Conall Cearnach et le Daghdha. À travers la figure de Conall Cearnach, on retrouve le lien entre une figure associée à un animal cornu dans les caractéristiques de sa tête, tout en ayant un rapport avec un serpent monstrueux. De plus, ici, nous avons le lien entre le serpent qui se love dans la ceinture de Conall Cearnach et le serpent criocéphale comme représentant le sexe du dieu-père.
La reconnaissance du serpent criocéphale de l’iconographie celte antique comme une représentation du Feu dans l’Eau, autrement dit du principe de vie cosmique paraît dès lors constituer une hypothèse vraisemblable et sans doute plus satisfaisante que toutes celles vaguement proposées jusqu’ici.
Au-delà du domaine celte, il apparaît également que le concept indo-européen de Feu dans l'Eau avait des représentations qui alliaient ses aspects paradoxaux, positifs comme négatifs, à travers ses hypostases animales. Ainsi, sa double symbolique pouvait être représentée par un couple antithétique formé d'un animal cornu positif et céleste, lié au feu solaire ou fulgurant, et d'un animal négatif, aquatique, serpentiforme et/ou pisciforme (Scandinaves, Indo-Iraniens). Une autre solution prise fut sans doute de joindre les caractères de ces deux animaux pour faire ressortir d'autant plus le caractère ambivalent du Feu dans l'Eau, comme ce fut le cas chez les Scythes et, probablement chez les Celtes à travers l'image du serpent criocéphale, même si nous ne savons rien des traditions qui étaient attachées à cette créature.
Cependant, le motif du poisson ou serpent aquatique cornu n'est pas propre aux peuples indo-européens, puisqu'il est connu des Africains, des Amérindiens (uktena chez les Cherokee) et des Sumériens (suḫurmāšu). Inversement le lien du bélier avec l'eau et le feu est présent, en Afrique du Nord, et connecté avec l'orage. Ce bref survol du bestiaire monstrueux apparenté pose, non seulement, la question des origines préhistoriques communes de ces êtres, mais cela tend à indiquer l'existence première, chez la ou les culture(s) proto-indo-européenne(s), d'un monstre hybride, mi-quadrupède cornu mi-serpent aquatique, qui se serait par la suite différencié en deux animaux antithétiques tout en étant liés dans certaines traditions, pour mieux marquer la différence de leur symbolique associée. Ce sont là des questions qui dépassent le cadre de cet article et que nous laissons à d'autres le soin d'approfondir.
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