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(Review) Mineke Schipper, Ye Shuxian et Yin Hubin (éd.), China’s Creation and Origin Myths

9789004194854-uk.jpgMineke Schipper, Ye Shuxian et Yin Hubin (éd.), China’s Creation and Origin Myths. Cross-cultural Explorations in Oral and Written Traditions, 2011, Leiden-Boston, Brill.

 

La principale difficulté que l’on rencontre lorsque l’on travaille dans le domaine de la mythologie comparée est l’accès aux textes, et surtout à leur traduction dans des langues courantes. Si quelqu’un comme Georges Dumézil pouvait lire une multitude de langues, rares sont les chercheurs actuels à pouvoir en faire autant. La Chine fait partie de ces endroits du monde pour lesquels cette difficulté se pose. Nous disposons bien entendu de nombreuses éditions de sources, parfois anciennes, et il existe quantité d’études sur la mythologie chinoise. Mais rares sont les corpus spécifiques. Les francophones disposent bien sûr de la très précieuse anthologie de Rémi Mathieu1, mais celle-ci se limite aux textes anciens et à la seule ethnie des Han.

Aussi l’ouvrage proposé par Mineke Schipper, Ye Shuxian et Yin Hubin comble-t-il clairement une lacune. Scindé en quatre parties, il s’ouvre tout d’abord au comparatisme avec des études sur les mythes de création dans le monde (Mineke Schipper, G. Namjila, Jung Jaeseo), et sur la mythologie chinoise en générale (Ye Shuxian, Yang Lihui et An Deming). La deuxième partie entre plus dans le vif du sujet avec des études sur les textes anciens : sur le manuscrit sur soie de Chu (Kao Lifeng), sur les mythes cosmogoniques du taoisme (Kristofer Schipper), enfin sur les mythes spécifiques du plongeon (Chen Lianshan) et du géant cosmique (Wu Xiaodong) en Chine.

La troisième partie est plus originale encore, puisqu’elle aborde les questions de la tradition orale et de la modernité non seulement chez les Han, mais aussi au sein d’autres ethnies minoritaires. Enfin, et surtout, la quatrième et dernière partie offre une anthologie des mythes cosmogoniques, collectés à travers toute la Chine et traduits en anglais. On y trouvera donc des versions oroqen, coréenne, ewenk, mandchou, mongole, salar, tu, ouïghoure, achang, bai, derung, gelao, lahu et bien sûr han.

Ouvert aux non-spécialistes, l'ouvrage est accompagné d'une carte ethnolinguistique, d'une chronologie des dynasties chinoises, d'une abondante bibliographie, et d'un indispensable index. 

Ce sont donc là plus de 340 pages de matériaux très denses qui nous sont offertes, et il ne fait nul doute que China’s Creation and Origin Myths ouvrira la porte à de nouvelles études plus larges2.

 

Patrice Lajoye

 

1Rémi Mathieu, Anthologie des mythes et légendes de la Chine ancienne, 1989, Paris, Gallimard, « Connaissance de l’Orient ».

2Certains textes de l’anthologie finale invitent par exemple à réviser certaines des conclusions de mon propre article sur le Puruṣa, paru dans notre n°1.

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