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(Review) Marie-Christine Fayant (éd.) - Hymnes orphiques

Marie-Christine Fayant (éd. et trad.), Hymnes orphiques, 2014, Paris, Les Belles Lettres, « Collection des Universités de France », 776 p.

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Alors que notre revue a jusqu’ici chroniqué des essais, le présent volume est une publication de source, et non des moindres, puisqu’il s’agit des Hymnes orphiques, un ensemble de prières tardif, puisqu’il est daté de la fin du IIe siècle ou du début du IIIe, mais remarquablement cohérent. C’est donc un corpus de 87 hymnes qui est ici édité et traduit en français, chacun étant suivi d’un bref commentaire philologique. La tâche est accompli avec le soin ordinaire requis par la collection, il s’agit donc là en soit d’un volume important.

Mais ce qui le rend exceptionnel chez cet éditeur est l’importante introduction, et surtout l’annexe sur la théologie orphique, qui, en un peu moins de quarante page, aborde le fonds même des poèmes et son appartenance à la religion dite « orphique ». Et au terme d’une analyse fine, Marie-Christine Fayant démontre bien, à l’aide d’une reconstitution de la cosmogonie portée par ces hymnes et par un classement des diverses assimilations de divinités qu’ils mentionnent, que ceux-ci procèdent bien des mêmes sources que les autres cosmogonies orphiques (p. 700-709).

C’est donc à un véritable comparatisme interne que s’est livrée Marie-Christine Fayant, et celui-ci offre de riches perspectives pour aller au-delà. Depuis une vingtaine d’années, on observe un renouveau d’intérêt pour l’orphisme, une religion finalement peu connue, dont les racines semblent très anciennes, mais qui n’apparaît clairement qu’au IVe siècle avant J.-C. Basée sur une cosmologie et une organisation du panthéon largement divergente de ce qu’Hésiode ou Homère nous enseignent, on l’a longtemps suspectée, par exemple dans les travaux de Luc Brisson, d’avoir été largement influencée par une forme déviante – mais elle-même mal attestée – du zoroastrisme, en raison de la place importante occupé par le Temps dans l’orphisme tardif. Je me permettrai ici une remarque toute personnelle : le fonctionnement cyclique du monde, proche de celui élaboré par les Stoiciens, est cependant plus proche de ce qu’on connaît en Inde qu’en Iran ancien. L’orphisme ne serait-il pas tout simplement la religion grecque la plus proche du fonds indo-européen ?

Quoi qu’il en soit, cette édition des Hymnes orphiques par Marie-Christine Fayant se revèle indispensable.

Patrice Lajoye


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