Jiří Dynda, Slovanské pohanství ve středověkých ruských kázáních, 2019, Prague, Scriptorium, 407 p.
Deux ans après la publication d’un premier volume de très bonne facture consacré aux sources latines (mais pas seulement) sur le paganisme des Slaves, le chercheur tchèque Jiří Dynda revient avec un nouvel ouvrage traitantcette fois deshomélies russes médiévales. Ces homélies sont en effet d’une grande richesse, car elles mentionnent, d’une part, les anciens dieux du paganisme des Slaves de l’Est, dont les noms semblentcependant avoir été copiés sur les chroniques antérieures à la rédaction des homélies, et d’autre part, une multitude de créatures, démons et autres personnages du folklore. Elles mentionnent aussi des fêtes et des pratiques condamnées par l’église, divers types de sorciers, ainsi que des coutumes incompatibles avec la morale chrétienne. Ce sont donc des matériaux précieux. Cependant, comme toute littérature ecclésiastique, ce sont aussi des textes difficiles à manipuler, et il convient d’en mener un examen critique, afin de s’assurerde ce qui relève réellement du paganisme, et de ce qui relève du stéréotype littéraire, parfois importé de Grèce.
S’appuyant sur les travaux les plus récents, Jiří Dynda revient ainsi sur la question du dvoeverie, ou « double foi », un concept apparu au XIe siècle dans la littérature homélitique, et au sujet duquel on a longtemps cru qu’il pouvait s’agir d’une survivance du paganisme aux côtés du Christianisme. Or il semble en réalité que le terme s’applique à ceux qui doutent, ou dont la foi est incertaine, ou encore au schisme entre l’Église orthodoxe et l’Église catholique. Il ne saurait donc ici être question d’une survivance du paganisme.
C’est en fait sur les anciens rituels que ces homélies sont les plus fiables. Condamnant les anciens rituels funéraires, ou les jeux rituels, elles en font aussi la description, parfois précise.
Le volume se conclut par une sélection de dix des principaux textes homélitiques, chacun d’entre eux étant précédé d’une description, notamment concernant la tradition codicologique, et étant accompagné d’un abondant apparat critique et d’une traduction en tchèque.
Le tout est suivi d’une abondante bibliographie, avec notamment la liste des manuscrits employés, pour lesquels l’auteur fournit un lien permettant de les consulter en ligne lorsqu’ils ont été numérisés.
Avec Slovanské pohanství ve středověkých ruských kázáních, Jiří Dynda offre ainsi à ceux qui s’intéressent à la religion et à la mythologie des Slaves païens un très utile outil de travail, mais aussi une mise au point critique tout à fait bienvenue.
Patrice Lajoye
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