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  • (Review) Jeremy Harte - Fairy encounters in medieval England

    Harte.jpgJeremy Harte, Fairy encounters in medieval England. Landscape, folklore and the supernatural, 2024, Exeter, University of Exeter Press.

    Nous avons déjà signalé par le passé l’excellence de la collection « Exeter new approaches to legend, folklore and popular belief », éditée par les presses de l’université d’Exeter. D’emblée, je ne cacherai pas qu’avec ce nouveau volume, cette collection confirme son intérêt. Celui-ci traite donc des rencontres avec des personnages surnaturels, au Moyen Âge en Angleterre. Il se compose de quatre chapitres inégaux en taille. Le premier offre une série de textes concernant ces rencontres, et permet ainsi de se familiariser avec le sujet. Le second classe ces textes par types, et ces derniers sont nombreux : textes hagiographiques et leurs dérivés les miracles, suivis des exempla, d’apparition plus tardive. Mais l’auteur explore aussi les charmes, car même s’ils sont rares, certains ont une dimension narrative, les chroniques, et enfin les recueils de « merveilles », tels ceux de Gauthier Map, Gervais de Tilbury et Giraud de Cambry. Ces sources sont donc hétéroclites, et il faut bien noter, avec l’auteur, que le traitement des récits n’est bien entendu pas le même d’un type de source à l’autre.

    Le troisième chapitre, que personnellement j’aurais placé avant le second, classe les créatures elles-mêmes. Ce classement n’est pas effectué en fonction de leur nom (ælf, goblin, etc.), comme on le fait le plus souvent dans les ouvrages consacrés aux créatures féeriques, mais en fonction de leur physique – un terme à prendre dans un sens étendu. Ici, il peut donc s’agir de groupes, le plus souvent de triades : trois hommes, ou trois femmes, avec en général un seul de ces personnages qui s’exprime. Il peut s’agir aussi d’une femme, laquelle est le plus souvent très laide. La fée merveilleusement belle est l’exception. Il peut aussi s’agir d’un personnage masculin. La taille de la créature est variable : bien entendu on trouve des nains, mais aussi des personnes de grande taille. Les animaux sont aussi représentés, et notamment les chiens. La couleur peut être atypique. Mais comme le note bien l’auteur au final, ces créatures peuvent parfaitement changer de forme.

    Le quatrième chapitre, consacré aux lieux, constitue presque un sujet d’ouvrage en tant que tel. Les sources employées ne sont alors plus les mêmes : l’auteur utilise alors la toponymie, laquelle est attestée non plus vraiment dans les textes narratifs, mais dans des corpus administratifs dont il a fait un important dépouillement. C’est dans cette partie qu’apparaissent réellement les þyrs, pūca et autres goblins). L’inventaire proposé par Jeremy Harte en annexe p. 127-149, effectué comté par comté, est ainsi un outil de travail majeur pour l’étude des créatures féeriques en Grande-Bretagne, avec toutefois des limites : tous les toponymes signalés n’ont pas nécessairement d’origine médiévale. Enfin des cartes de répartitions par nom auraient été intéressantes.

    Il n’empêche qu’au-delà de ces quelques remarques, Fairy encounters in medieval England est un ouvrage qui proposent de nombreuses pistes de réflexion, en ouvrant sur un très grand nombre de sources dont beaucoup sont encore assez peu connues. C’est donc comme je le disais en introduction une nouvelle réussite pour la collection des presses de l’université d’Exeter.

     

    Patrice Lajoye